Chez nous les humains (jardiniers ou pas), les gens de bonne compagnie se remarquent facilement. Avenants, souriants, ouverts aux autres, sympathiques, ils savent nous mettre à l’aise et entretenir la conversation avec intelligence.
Mais comment définir une plante compagne ? Une plante de bonne compagnie appréciée par d’autres plantes pour leur abord agréable ?
Évidemment, non… Quoique !
En botanique, et plus prosaïquement en jardinage, une plante compagne se définit comme une plante qui exerce une forme d’influence sur une autre, négative ou positive.
En gros, une plante compagne peut avoir un impact favorable ou défavorable sur celle(s) qui pousse(nt) à proximité.
Pour faire plus sérieux et plus scientifique, une plante compagne est une plante allélopathique, ce qui signifie qu’elle produit des substances biochimiques qui ont des répercussions et influencent les plantes (ou la faune) alentours.
En bien ou en mal !
Alors, forcément, quand on parle de plante compagne, on parle d’association de plantes et de compagnonnage végétal.
Internet regorge de publications, de tableaux qui n’en finissent pas, de grandes et de petites théories… Qu’en est-il vraiment ? Les plantes ont-elles vraiment une influence sur d’autres ?
- Plante compagne : qu’est-ce que c’est ?
- Les plantes répulsives (ou anti-insectes)
- Les plantes compagnes qui attirent certains insectes
- Les plantes compagnes qui attirent les pollinisateurs
- Les plantes utiles qui enrichissent le sol
- Les plantes compagnes qui protègent des maladies
- Les plantes compagnes qui font de l’ombre aux autres
- Les plantes qui contrent les mauvaises herbes
- Les plantes compagnes qui me laissent sceptique
- Tableau de plantes compagnes
C’est quoi exactement une plante compagne ?
Bien avant que la permaculture ait vu le jour, certains jardiniers prônaient déjà un jardinage naturel, biologique.
C’est le cas de Louise Riotte, auteure et artiste, et surtout jardinière expérimentée.
Dans quelques-uns de ses ouvrages, tout de même datés des années 1970 et plusieurs fois réédités, parmi lesquels « Carrots love Tomatoes », elle explique avec précision cette notion de compagnonnage des plantes.
Dans cet ouvrage (au titre d’ailleurs mal traduit en français par « Les tomates aiment les carottes »!), l’auteure, aujourd’hui décédée, dévoile les secrets du bon voisinage des plantes dans votre jardin.
Ce qui implique que certaines plantes potagères seraient bonnes amies, et d’autres des ennemies.
Certaines plantes se plairaient en compagnie d’autres, alors que d’autres ne pourraient pas s’encadrer (ou se voir en peinture).
Un peu comme les hommes en fait !
Plus sérieusement, cette théorie potagère s’appuie sur la notion d’allélopathie.
Pour faire simple, disons que l’allélopathie désigne la libération de composés organiques par différents organes végétaux qui inhibent ou stimulent la croissance des plantes qui poussent aux alentours.
D’autres auraient la capacité de faire fuir certains insectes ou mammifères
Donc, concrètement, faire pousser ou associer des plantes compagnes permettraient d’augmenter le rendement et la fructification… ou même d’éviter l’invasion de parasites.
Notons d’emblée que certaines associations de plantes compagnes s’appuient sur le bon sens, d’autres sur l’observation et l’expérience, d’autres encore sur des fondements scientifiques.
Et puis d’autres encore n’ont aucune explication…et ne marchent pas à tous les coups. Loin s’en faut !
Le mieux est de faire ses propres expérimentations. Et d’en tirer des conclusions personnelles, peut-être liées à la nature du sol, au climat, à l’exposition… ou au hasard.
Je précise que j’utiliserai le conditionnel pour la plupart des exemples que je vais citer.
Déjà convaincu ? Sceptique ?…
Le pouvoir des plantes répulsives
Certaines plantes, fleuries ou aromatiques, dégagent de fortes odeurs, agréables à nos narines, mais désagréables pour d’autres, en particulier les insectes.
Ce sont des plantes dites répulsives qui, plantées un peu partout dans le potager, peuvent éloigner certains ravageurs ou insectes indésirables.
Certes, ces dires sont forcément difficiles à vérifier… puisque, par définition, (si ça marche), vous ne verrez pas les insectes incriminés.
Toujours est-il qu’il n’est jamais néfaste de planter des fleurs dans son potager.
Ainsi, par les plantes répulsives couramment évoquées, on peut citer :
- L’œillet d’Inde ou tagète qui éloignerait les pucerons, les aleurodes et les nématodes
- Le souci qui éloignerait les pucerons, les mouches blanches, le vers de l’asperge et du chou, les doryphores…
- Le pétunia qui repousserait les punaises
- La lavande et la sauge officinale ne sont pas aimées des fourmis
- L’absinthe éloignerait les limaces
- L’armoise aurait une action répulsive sur les pucerons et les chenilles
- La rue officinale tiendrait à bonne distance un grand nombre d’insectes dont les pucerons
- Le lin à grandes fleurs détournerait les doryphores
Vous l’aurez compris : l’idée ici est de mettre par exemple des œillets d’inde près des tomates, ou des soucis près des choux, afin de profiter de leur « pouvoir ».

Les plantes compagnes qui attirent les insectes auxiliaires
Vous le savez certainement mais, au potager, certains insectes sont les bienvenus en tant qu’alliés, auxiliaires ou compagnons de lutte biologique.
Parmi ces insectes amis, la coccinelle est, sous son apparence toute ronde et colorée, une sacrée tueuse de pucerons, tendance exterminatrice !
Les larves de syrphes et de chrysopes sont aussi assez efficaces en termes d’extermination de pucerons.
L’idéal est donc de les attirer au jardin pour se prémunir contre les pucerons.
Et pour les séduire, vous pouvez planter des plantes compagnes comme les centaurées, l’absinthe, la phacélie, la bourrache…ou laisser pousser une touffe d’ortie.
Les plantes compagnes qui aident à la pollinisation des légumes
Pour ce paragraphe, on est dans le bon sens !
Pour avoir de belles courgettes ou courges, des fraises ou des framboises bien rouges, des fruits en nombre, les insectes sont essentiels.
Et en particulier les abeilles domestiques ou solitaires, les bourdons, les papillons.
C’est pourquoi planter des fleurs mellifères et nectarifères va attirer des insectes pollinisateurs qui vont butiner toutes les fleurs voisines, dont celles de vos plantes potagères ou arbres fruitiers.
Et en la matière la liste est longue, tant chez les plantes fleuries que chez les plantes aromatiques : thym, romarin, sarriette, lavande, sauge, fenouil, géranium, rose trémière, cosmos, bourrache, coquelicot, trèfle… et j’en oublie !

Les plantes qui enrichissent le sol
Vous aimez les petits pois, les fèves, les pois chiches… ?
Riches en protéines végétales, ces Fabacées (ex-légumineuses) sont aussi d’excellentes plantes compagnes.
Je m’explique !…
Les Fabacées ont en effet la capacité de fixer l’azote atmosphérique sur les nodosités de leurs racines et de le restituer au sol, et donc aux plantes.
Les plantes qui suivent en profitent mais aussi celles qui sont plantées à proximité aussi.
Les plantes compagnes qui protègent des maladies
Là, on est dans l’aléatoire, dans le non-scientifique, dans le mythe peut-être…
Le conditionnel s’impose.
Certaines plantes compagnes auraient la capacité de protéger leurs voisines contre certaines maladies.
Ainsi, l’œillet d’Inde (encore lui) empêcherait l’apparition de maladies cryptogamiques, le basilic préserverait la tomate du mildiou.
Pourquoi pas…
À vous d’essayer !
Les plantes compagnes qui font de l’ombre aux autres
En été, le soleil tape parfois fort au potager.
Certaines années, la canicule règne, plongeant les légumes les plus craintifs dans une certaine détresse.
Les légumes-feuilles, et en particulier les salades, peuvent vite souffrir de la chaleur.
J’ai donc l’habitude de semer mes salades, et en particulier les laitues aux feuilles tendres, ou les radis à l’ombre des tomates.
De même, les choux sont d’excellentes plantes compagnes pour apporter de l’ombre, tout comme les poirées, ou mieux encore les tournesols ou les haricots grimpants.
Bien placés dans le jardin, ils peuvent être bénéfiques pour atténuer les rayons du soleil trop ardents.

Les plantes qui contrent les « mauvaises herbes »
Mon jardin et le pourtour de l’enclos de mes poules sont, dès le printemps, envahis de liserons.
Face à cette mauvaise herbe, deux attitudes s’imposent :
- Soit vous la laissez croître et l’utiliser comme ombrage. C’est d’ailleurs ce que je fais sur le grillage de l’enclos de mes poules. Le liseron grimpe et recouvre vite le grillage, apportant à mes poulettes une ombre bénéfique. Et, en été, une multitude de fleurs éphémères font leur apparition. Certes mes poules ne sont guère sensibles à ces fleurs mais elles apprécient l’apport d’ombre.
- Soit vous arrachez la moindre pousse de liseron dès son apparition. Mais il faut recommencer chaque matin…
J’ai lu sur un site de renom que l’œillet d’Inde serait capable de contrer la pousse des liserons et même du chiendent.
Il aurait donc des vertus désherbantes. Tout comme la lavande.
Là encore, je demande à voir…
L’an prochain, dans mon potager, j’essaierai donc de disséminer ça et là de jolis plants de tagètes… Même si je n’aime guère les fleurs jaunes ou orange, ça vaut peut-être le coup d’essayer.
Les plantes compagnes qui me laissent sceptique
Ouvrons enfin le paragraphe sur l’association de plantes potagères.
Pour rappel, il s’agit de faire voisiner tel ou tel légume avec tel ou tel autre, en partant du principe que ce voisinage sera bénéfique.
Scientifiquement parlant, rien ne prouve la véracité de ces associations.
Peut-être l’odeur, peut-être l’influence de substances sécrétées par le système racinaire…
Soit !
Parmi les associations les plus courantes et les plus intéressantes, on cite souvent le poireau et la carotte.
Leurs odeurs respectives repoussent les mouches propres à chaque légume. Ainsi, la mouche de la carotte n’apprécie pas l’odeur du poireau et la mouche du poireau déteste celle de la carotte.
Une non-association est souvent évoquée : ne jamais planter à proximité les pommes de terre et les tomates.
Cet exemple semble logique dans le sens où ces deux légumes appartenant à la même famille des Solanacées, pourraient partager leurs maladies et leurs parasites. Ainsi, les doryphores n’hésitent pas à s’attaquer aux tomates lorsqu’ils ont fait le tour du feuillage des pommes de terre.
Pour le reste, je reconnais mes doutes.
Et si au début de mon parcours de jardinier, j’ai testé ces associations, je suis aujourd’hui plus mitigé.
D’autant que si vous voulez vraiment respecter ces préceptes à la lettre, l’association de plantes tourne vite au casse-tête en termes de planification et d’organisation du potager !
Prenons un exemple : les tomates et les pommes de terre ne font pas bon ménage ensemble, ou encore avec la betterave. En revanche, la carotte peut s’associer avec la tomate mais pas avec la pomme de terre. Et la tomate apprécie à ses côtés la présence du céleri, mais pas la pomme de terre…
Je vous ai perdu(s) ? C’est normal.
Moi-même, je ne sais plus où planter mes tomates, mes pommes de terre et mes choux !
Alors, j’ai décidé de respecter quelques règles simples et de laisser le reste au hasard, à l’improvisation, à l’envie…
Je préfère ainsi me concentrer sur la rotation des cultures pour éviter le retour de certaines maladies ou ravageurs chaque année.
Retenez toutefois que :
- L’ail, l’oignon et l’échalote ne sont pas de bons voisinages avec les choux, les haricots, les fèves et les pois. En revanche avec la carotte pas de souci
- L’aubergine, le piment et le poivron ne s’entendent guère, tout comme la tomate et le concombre
- Chou et fraisier ne font pas bon ménage
- Le poireau et la mâche vont bien ensemble, l’un faisant de l’ombre à l’autre
Je vous livre tout de même un petit tableau des principales associations, en privilégiant les plantes aromatiques ou herbacées.
À vous de voir…
Plante | À associer avec | Pourquoi ? | À éviter |
Absinthe | Tous les légumes | Elle repousse les acariens | |
Ail | Betterave, carotte, fraisier, pomme de terre, laitue, radis, tomate | Elle éloigne les insectes par son odeur forte | Chou, haricot, fève te pois, poireau |
Aneth | Chou | Elle éloigne la piéride et la mouche du chou | |
Armoise | Légumes | Répulsive pour les insectes | |
Basilic | Chou, courge, haricot, tomate | Il éloigne les doryphores, la mouche du chou et les aleurodes | |
Consoude | Légumes | Elle apporte des minéraux au sol | |
Fougère | Chou | Elle éloigne la piéride du chou | |
Lin à grandes fleurs | Pomme de terre | Il repousse les doryphores | |
Mélisse | Légumes | Elle éloigne les acariens | |
Menthe | Chou, radis | Elle éloigne les altises et la mouche du chou | |
Œillet d’Inde | Légumes | Il éloigne les insectes | |
Romarin | Chou | Il repousse la mouche du chou | |
Sarriette | Légumes | Il éloigne les pucerons noirs et attire les abeilles | |
Sauge officinale | Carotte, chou, pomme de terre | Elle tient à distance la mouche de la carotte, la piéride et la mouche du chou, les doryphores et les fourmis | |
Valériane rouge | Légumes | Elle attire les vers de terre |
Pour aller plus loin, je vous conseille mes deux « bibles » en ce qui concerne le potager :


