En cas de crise majeure, vous pourriez être amenés à évacuer votre domicile et à prendre la route.
Une crise majeure peut être une guerre civile, une pénurie alimentaire totale qui entraînerait des mouvements de panique, une guerre plus conventionnelle… Bref, toutes ces crises dont on s’imagine en Occident être à l’abri et qui pourtant, frappent chaque année de nombreux pays à travers le monde.
Comme tout le monde, on espère que ça n’arrivera pas… mais l’espoir n’évite pas le danger.
Se préparer à un risque n’est pas souhaiter ce risque, mais simplement être conscient de sa potentialité. On ne met pas une ceinture de sécurité en espérant un accident… mais parce qu’on est conscient qu’il est possible que cela arrive.
Les preppers (ou survivalistes) sont de ceux là : ils n’espèrent pas les crises, mais ils sont responsables et conscients des risques… et donc les anticipent et s’y préparent.
Dans le cas d’une grave crise, dès les premiers jours, vous commencerez sûrement par barricader votre maison. C’est normal, vous êtes attaché à vos racines et vous pensez pouvoir survivre dans votre 80 mètres carrés en plein centre-ville.
Mais malheureusement vous pourriez être obligés de fuir, et sans un minimum de préparation, vous finirez dans un cul de sac, en panne d’essence, servant de cible aux premier excités que vous croiserez.
Nous avons donc, dans cet article, documenté les procédures d’évacuation et de déplacements, en période (très) troublée.
- Les règles élémentaires en situation de crise : PCQ
- Comment préparer son départ ?
- Les différents environnements
- Comment se déplacer ?
- En conclusion
Les règles élémentaires en situation de crise : PCQ
Pour chaque déplacement que vous ferez, posez-vous les bonnes questions et définissez un objectif précis.
Sachez surtout que plus votre objectif sera difficile à atteindre ou plus votre trajet sera long et plus les risques seront importants.
Jugez bien de la nécessité de ce que vous allez entreprendre, pour vous ET votre groupe (amis, famille, etc.) : les conséquences pourraient être dramatiques.
Pour tous vos déplacement, seul ou en groupe, respecter les règles élémentaires augmentera vos chances de réussir votre mission :
- La règle du PCQ : Pourquoi, Comment, Quand ?
Ce sont des questions simples et rapides à se poser, mais qui vous aideront vraiment à survivre.
Un exemple ? Je dois me déplacer.
P – Je n’ai plus d’essence pour alimenter mon groupe électrogène.
C – A pied, je sais qu’il y a des voitures à siphonner à trois pâtés de maison.
Q – Ce soir, à la tombée de la nuit.
Comment préparer son départ ?
Pour les déplacements du quotidien comme pour les fuites, sachez vous équiper correctement.
Si vous êtes seul, que vous êtes sûr de vous, assurez-vous que vous vous êtes posé toutes les bonnes questions et que vous avez évalué tous les risques et les bénéfices, prenez votre courage à deux mains et lancez-vous.
Sur de longue distance, si vous comptez fuir et trouver un autre lieu de survie, prévoyez de quoi boire et manger et organisez-vous pour vous reposer.
Emportez le plus d’équipements possibles tout en restant raisonnable : vous n’irez pas loin avec un sac à dos de 200 Kg de crème Mont-Blanc.
Pour une mission de recherche, autour de votre domicile, un sac à dos et quelques accessoires essentiels suffiront.
Voir notre guide complet sur le sac de survie (Bug out Bag).
Pour toutes les éventualités, trouvez une bonne carte couvrant tout votre trajet, un bloc-note et un crayon à papier.
Au préalable, repérez les endroits stratégiques qui vous aideront à atteindre votre objectif et annotez-les : le nom des rues, des bourgades, les endroits élevés, châteaux d’eau, antennes de communication
Voir notre guide pour savoir lire et se repérer sur une carte.
Si vous êtes juste en vivres, repérez les commerces, les champs de fruits ou de légumes, profitez de toutes les opportunités qui s’offrent à vous.
Voir nos rations de survie maison et économiques.
En manque de médicaments ? Trouvez les hôpitaux et pharmacies ou encore les infirmerie des centres scolaires ou sportifs.
N’oubliez rien, votre survie future en dépendra.
Les différents environnements
Tous les terrains et environnements n’offrent pas la même mobilité.
Vous devrez vous adapter et reconnaître les terrains les mieux adaptés à vos déplacements.
Attention ! les meilleurs terrains pour se déplacer ne sont pas forcément les plus adaptés à votre campement.
N’hésitez pas à marquer et à baliser les endroits explorés, ainsi qu’à laisser des informations pour d’éventuels autres personnes.
Voici un aperçu des différents espaces que vous serez amenés à traverser.
1 – Les zones urbaines
En cas de crise majeure, les grandes villes sont à éviter à tout prix.
Suite à une catastrophe, les émeutes transformeront certains quartiers en zones de guerres et de pillages.
Si vous n’avez pas eu d’autres choix que de rester dans une métropole que vous désirez fuir ou traverser, retenez-bien les conseils suivants :
- Dans un premier temps, trouvez une carte de la ville au plus vite comme expliqué dans le chapitre précédent. Ensuite, étudiez bien les rues, cul-de-sacs, chemins de fer, bâtiments publics…
- Pour anticiper vos déplacement et multiplier vos chances de rester en vie en zone urbaine, vous devrez vous préparer, idéalement en vous formant aux techniques de survie urbaine.
- Marchez ou pédalez ! En centre ville, vous ne pourrez pas faire plus de quelques mètres en voiture. Trouvez les voies les plus larges, avenues, autoroutes urbaines, elles vous laisseront une marge de manœuvre plus grande qu’une ruelle sombre ou un égout (ou des catacombes, pour Paris). Attention toutefois à ne pas rester trop longtemps à découvert. Restez discret.
- En vous éloignant du centre, vous arriverez dans les banlieues, à moins forte densité de population mais toutes aussi dangereuses que la ville-même, restez sur vos gardes
- Repérez des cachettes pour faire une pause de quelques minutes, observez puis repartez.
- C’est dans les zones périphériques que vous trouverez la plupart des grandes surfaces alimentaires et d’équipements. Pensez à faire un saut prudent dans ces magasins, en cas de nécessité.
- En sortie de ville, si les routes sont dégagées, vous pouvez choisir un véhicule.
2 – Les forêts et zones rurales
Les déplacements en forêt sont à double tranchant.
D’un coté, vous êtes moins visibles, mais si la forêt est trop dense vous risquez de vous perdre. En forêt entretenue, restez sur les sentiers et avancez prudemment.
Tenez-vous au courant des systèmes de balisage de randonnées, au risque de vous perdre.
Si vous souhaitez anticiper, nous vous conseillons d’explorer la forêt la plus proche de chez vous, une journée et une nuit, pour entendre le bruit des arbres et de la faune. Vous comprendrez rapidement le stress que vous pourrez subir le jour où vous n’aurez pas d’autre choix.
Comment se déplacer ?
La première chose que vous allez vouloir faire lors de votre fuite, c’est prendre votre AX ou votre 508 et tracer le plus rapidement possible.
En fonction d’où vous habitez, ça peut être une très mauvaise idée.
Si il y a un mouvement de panique générale, les routes seront peut-être bloquées.
L’une des solutions est donc de choisir des petites routes ou des trajets moins empruntés et où les risques de blocages, bouchons, sont moindres.
Une autre solution peu être de partir en vélo ou à pied. A condition que vous ayez un peu d’équipement et que vous ayez un minimum de condition physique.
La théorie du Bug Out Vehicle
Si vous êtes familier avec les sujets de survivalisme à l’américaine, vous avez peut être déjà entendu parlé de « bug out vehicle ».
Il s’agit tout simplement d’un véhicule acheté et préparé dans l’idée de pouvoir évacuer facilement et rapidement.
C’est au véhicule ce que le Bug Out Bag est au sac de survie.
Comme toujours, sur NoPanic, nous sommes assez peu enclin à mettre en avant le « Made in USA » quand il s’agit de préparation aux risques, car trop souvent excessif et peu transposable en Europe et particulièrement en France (différences d’urbanisme, de culture, de mentalité, au niveau légal, etc.).
Pour autant, il y a toujours des choses intéressantes à prendre et à s’inspirer. Par exemple, nous vous conseillons :
- d’avoir un EDV (EveryDay Vehicle) dans votre voiture de tous les jours,
- que votre véhicule soit en parfait état de marche,
- de ne jamais descendre sous la moitié de réserve de carburant,
- d’avoir une voiture robuste, sans trop d’électronique, et facilement réparable.
Si vous voulez aller plus loin dans la réflexion de Bug Out Vehicle, voici ci-dessous quelques idées…
- Les 4×4 et SUV : Ils ne sont pas forcement le meilleur moyen pour évacuer ou pour se déplacer.
Leur forte consommation de carburant est un point faible non négligeable. Vous vous sentirez plus en sécurité qu’en voiture de ville, mais vous irez bien moins loin. C’est bien sûr une vision générale, il existe certains types de 4×4 très performants. Leur encombrement, supérieur à une voiture, ne vous permettra donc pas plus de passer partout (voiture en panne qui bloque une partie de la route, rue très étroite,…). Vous pourrez néanmoins dévaler les plaines et champs à tout berzingue sans trop de souci.
- Les pick-up vous offriront encore plus de sécurité et la possibilité d’embarquer du matériel, mais souffriront d’une consommation encore plus élevée.
- Les bus, minibus, camping-cars et camionnettes permettent à la fois de déplacer un groupe entier, vos équipements et toutes vos vivres. Mais attention : ce sont des boîtes de conserve très fragiles. Il est tout de même possible de s’aménager un véritable campement mobile dans ces véhicules, ceci vous offrant la rapidité de fuir le plus rapidement possible sans laisser sur place tous vos efforts durement accumulés.
- Les camions poids-lourd vous emmèneront très loin et, tout comme les bus, pourront vous permettre d’embarquer plusieurs personnes et vos équipements. Ils possèdent un très grand réservoir et une puissance telle qu’ils vous permettront de pousser les obstacles sur quelques mètres et ainsi de dégager la route.
- Les motos et motocross restent de bons véhicules de déplacement sur courtes distances. Avec une faible consommation d’essence, vous pourrez rouler sur tous types de terrains. Point faible : le bruit généré par le moteur. Les quads offrent les mêmes avantages mais pour un encombrement supérieur et une maniabilité moindre.
- Le cheval, pour ceux qui en ont un, est bon moyen de transport sur des distances moyennes. En revanche il pourrait céder à la panique à tout moment et demande plus d’entretien qu’un véhicule motorisé.
- Le bateau, pour ceux qui ont une très bonne connaissance de la mer et de la navigation (cela ne s’improvise pas !). Évidemment, un voilier vous emmènera plus loin qu’un bateau à moteur, mais il le fera plus lentement et vous demandera plus de connaissances.
Plus évident que la plupart de ces propositions, qui pourraient pour certaines vous paraître un peu hors-sol : le vélo.
Il a de nombreux avantages :
- Silencieux, il n’attirera pas l’attention.
- Rapide et maniable il vous permettra de vous faufiler quasi n’importe où.
- Bien entendu, il n’utilise pas d’autre carburant que nos deux cuisses, idéal pour nous tenir en bonne forme.
- Léger : il s’arnache à quasi toutes voitures / camping car / camions, et donc en fait un véhicule d’appoint idéal.
Il nécessite tout de même quelques accessoires :
- Une clé de 15 pour monter et démonter les roues.
- Un jeu de clés imbus pour le reste du vélo.
- Un jeu de démonte pneus.
- 2-3 chambres à air de rechange en toutes circonstances.
- Un peu d’huile pour graisser la chaîne. (Une chaine mal graissée grince=bruit, et fini par casser=mort.)
- Un câble et une gaine de frein au cas ou.
- Des pneus de rechanges, mais pas besoin de les avoir sur vous en permanence.
- Une bonne pompe à vélo manuelle (la Lezyne Micro Floor Drive HV est top) pour votre planque / base mobile, et une d’appoint à avoir sur vous en cas de crevaison.
Nos astuces et conseils :
- Entrainez vous à changer un pneu crevé en moins de 5 minutes.
- Gonflez vos pneus avant chaque sorties, des pneus gonflés sont biens moins susceptibles de crever.
- Petit check-up hebdomadaire de votre vélo est conseillé, graissage si besoin, nettoyage et vérification du frein.
- Essayez toujours d’avoir des pièces de rechange pour les parties « fragiles » et les outils adéquats dans une petite caisse quelque part, je pense surtout au boitier de pédalier qui doit être la seule pièce qui m’ait posé des problèmes ces 5 dernières années. Au pire des cas, je doute que les magasins de vélos soient le genre de commerces à être pillés en premier.
En conclusion ?
Nous vous conseillerons de réfléchir à la nécessité de vos actes.
Que vous soyez seul ou en groupe, posez-vous toujours les questions les plus pertinentes et discutez-en entre vous.
Idéalement, voyagez toujours par deux au minimum.
Anticipez et n’attendez pas le dernier moment pour vous poser les questions d’une évacuation forcée. Elle n’arrivera, on l’espère, peut-être jamais. Mais vous devez, par responsabilité vis à vis de votre famille et de vous même, faire l’exercice théorique du « Et si… ? »