Cultiver des champignons sur bûche à la maison – Tutoriel avec photos

de Sven

Lorsqu’on est en recherche d’autonomie alimentaire, on pense immédiatement au potager, au verger et à l’élevage. Parfois à la pêche ou la chasse. Pas suffisamment à la cueillette sauvage. Beaucoup trop rarement à la culture de champignons.

Et pourtant, c’est à mon sens un excellent complément de production alimentaire, particulièrement si vous n’êtes pas à l’aise avec la cueillette de champignons sauvages, qui nécessite plus de temps et de connaissances.

Cultiver ses propres champignons vous permet de maîtriser les variétés, les quantités, ainsi que les timings et les lieux de récoltes.

Bonus : cela permet aussi d’exploiter des zones ombragées de son terrain, non adapté aux fruitiers, potagers, etc.

Pas mal, non ?

J’ai donc décidé de vous présenter ci-dessous la mise en place de ma champignonnière maison (enfin, d’extérieur).

Les différents types de champignonnière et mon choix : la culture sur bûche

Quand on pense à la culture de champignons, on pense directement aux champignons de Paris élevés en cave… mais il existe une autre voie !

Les champignonnières en intérieur

Je ne vais pas me positionner en spécialiste ici, car je n’ai pas testé, ni même d’ailleurs réellement creuser le sujet.

Malgré tout, je peux en citer les avantages :

  • Un contrôle total des conditions de culture (température, humidité, lumière)
  • Une production possible toute l’année (je pense surtout à celles et ceux qui ont de la neige la moitié de l’année)
  • Une protection facilité contre les nuisibles et les intempéries
  • Une production au m² très intéressante

… mais aussi les inconvénients :

  • Ça nécessite un espace dédié et correctement ventilé (on pense souvent à une cave, mais un placard peut parfaitement convenir)
  • Cela demande des investissements en matériel (humidificateur, éclairage…)
  • On est dépendant énergétiquement

Et ces deux inconvénients m’ont clairement amenés à m’intéresser à une autre option, à savoir…

Les champignonnières en extérieur

Il existe plusieurs méthodes pour cultiver des champignons en extérieur, chacune ayant ses particularités.

Voici un aperçu des principales options :

  • Culture sur bûches : On utilise des bûches de bois (ou souches, ou billots) comme substrat, qu’on inocule avec du mycélium, et qu’on place ensuite dans un endroit ombragé et humide.
  • Culture sur paille : Ce coup-ci, on utilise de ballots de paille comme substrat. Le mycélium est mélangé à la paille, qu’on maintient humide pour favoriser la croissance des champignons.
  • Culture au sol : On créé un lit de culture directement au sol, généralement enrichis avec du compost ou d’autres matières organiques. Le mycélium est incorporé au sol et recouvert de paille pour maintenir l’humidité (oui, toujours l’humidité !).
  • Culture en sacs ou seaux : On utilise des sacs ou seaux en plastique, remplis de substrat (paille, sciure de bois, etc.), qu’on perfore afin de permettre la sortie des champignons.

Les avantages de la cultures de champignons en extérieur sont évidentes :

  • C’est facile : Moins de matériel nécessaire comparé aux installations en intérieur, facile à installer, facile à (ne pas) s’en occuper.
  • Conditions naturelles : On utilise ici les conditions climatiques et environnementales naturelles pour favoriser la croissance des champignons.
  • Coût réduit : Moins d’investissements en équipements (humidificateurs, éclairages, etc.).

… mais du coup, vous vous en doutez, les inconvénients vont souvent de paire avec les avantages :

  • Dépendance aux conditions météorologiques : On ne gère pas les conditions de culture et on est donc soumis aux conditions météorologiques extrêmes (sécheresse, gel, etc.).
  • Risque de nuisibles : Plus grande exposition à la concurrence des autres champignons, aux parasites et aux animaux nuisibles.
  • Variabilité de la production : Les rendements peuvent varier en fonction des saisons et des conditions environnementales.
  • Délai de production : La première récolte sera plus longue à arriver.

Si on y réfléchit bien, c’est exactement comme si vous compariez la culture de tomate en serre chauffée d’une part, et la culture de tomate de pleine terre d’autre part.

Et pour ma part, j’ai toujours préféré privilégié mon indépendance en énergie et en matériel.

Autrement dit, j’ai évidemment choisi la culture en extérieur et plus précisément la culture sur bûches, pour sa simplicité de mise en œuvre et parce que je disposais d’une énorme quantité de billots, suite à de nombreuses tempêtes l’hiver passé.

Quels sont les types de champignons adaptés à la culture sur bûche ?

Une fois qu’on a choisi la méthode de culture, il faut évidemment se pencher sur les choix de champignons à produire.

Tous les champignons ne sont pas adaptés à la culture sur bûche, et toutes les bûches ne permettent pas non plus de faire pousser tous les champignons. Il est crucial de choisir les bonnes combinaisons pour assurer une production réussie.

Voici un tableau récapitulatif des types de champignons et des essences d’arbres les plus adaptées à leur culture :

Champi’AulneBouleauChêneFrêneHêtrePeuplierChâtaign.Pin
Pleurote🟢
Pleurote Pulmonaire
Reishi
Shiitake
Lion’s Mane
Polypore Souffré
Maïtaké
❔ : Pas testé / ✅ : Validé / ❌ : Mauvaise idée

Globalement, on note que si vous choisissez du chêne ou du hêtre, vous serez tranquilles ! A l’inverse, on déconseille le pin et les résineux en général, qui ont dans leur sève de l’antifongique naturel (à part pourquoi pas pour le pleurote pulmonarius).

Pour ma part, je suis donc parti principalement sur du chêne.

Je tenterai également une culture sur souche de peuplier, suite à un bel arbre qui n’a pu plier et qui a cassé net durant une grosse tempête (+150km/h de vent) cet hiver.

A noter : Le bois sélectionné doit être sain, sans champignons, bois pourri, centre coti ou grosses fissures, car la concurrence des champignons déjà présents réduirait significativement les chances de succès et de production de votre culture.

Avec le chêne, j’ai donc la possibilité de cultiver un grand nombre de champignons !

Mais pour rappel, mon objectif étant l’autonomie alimentaire, je vais donc essayer de choisir des variétés qui me permettraient une culture à l’année, mais surtout durant les « périodes maigres » du potager.

J’ai donc choisi :

  • Pleurote gris (Pleurotus ostreatus) : Appelé aussi pleurote d’hiver, il se récolte principalement à partir de l’automne et ce jusqu’au printemps suivant. En hiver donc !
  • Lion’s Mane (Hericium erinaceus) : Aussi appelé l’Hydne hérisson, on le récolte à l’automne et au début de l’hiver.
  • Shiitaké (Lentinula edodes) : On le récolte surtout au début du printemps jusqu’à l’automne.

Avec ces trois variétés, je couvre donc théoriquement toute l’année, avec un pic de production à l’automne et en hiver.

Quel est le matériel nécessaire pour la culture sur bûche ?

Bon, on cause, on cause… Mais il est peut être temps de s’y mettre !

Voici le matériel qu’il va vous falloir :

  • Une perceuse avec une mèche de 8mm
  • Une massette
  • Des bûches, idéalement de 0.80 à 1.25 mètre de long et de 10 à 20cm de diamètre
  • Du mycélium sur chevilles (comptez 50 chevilles par bûche de 100cm x 20cm) : perso, je les ai acheté sur lamycosphere.com. Le choix de champignons est vraiment large et les conseils sont excellents.
  • … et voilà !

Prévoyez évidemment une zone adaptée pour votre champignonière.

Le site idéal ? Un endroit en sous-bois chaud, humide, ombragé, avec une bonne circulation d’air et à proximité d’une source d’eau pour favoriser leur développement (ou faciliter l’arrosage). Idéalement, assurez-vous que l’endroit soit facilement accessible pour permettre un suivi régulier et faciliter les récoltes (que l’on va vous souhaiter fréquentes).

Méthode pas à pas pour inoculer les bûches

Absolument rien de sorcier :

  1. Je prends une bûche, je la perce tous les 20cm dans le sens de la longueur (profondeur des trous légèrement supérieure à la longueur des chevilles), puis refais une nouvelle ligne à 10 cm de là avec des trous en quinconce.
  2. Ensuite, je positionne les chevilles et les enfonce avec la massette.
  3. Une troisième étape, que je n’ai pas faite, est de reboucher le trou et la cheville avec de la cire, de l’argile ou de la parafine. Cela protège la cheville des insectes, parasites et ralentit le dessèchement.

Une fois que toutes vos bûches sont ensemmencées, il vous faut les empiler… et ça se fait en deux étapes.

Tout d’abord, l’empilement initial qui va favoriser le développement du mycélium en maintenant une humidité optimale et limiter les risques de contamination par d’autres champignons : la cage.

Pensez bien à ce que le premier niveau de votre « cage » ne soit pas en contact direct avec le sol. Personnellement, je l’ai positionné sur des moellons en pierre

Pour info, cela m’a pris environ 3 heures pour ensemmencer (tranquillement) 15 bûches.

Il faut laisser ainsi les bûches durant toute la période d’incubation, à savoir entre six mois et deux ans (en fonction des variétés de champignons et des conditions de culture).

Oui, la culture sur bûche nécessite de la patience…

Durant cette période, assurez-vous simplement que vos bûches restent humides (mais pas trop), qu’elles ne soient pas bousculées par un animal sauvage, et faites de temps en temps un peu de débroussaillage autour au besoin.

Suite à cette période d’incubation vient la période de production !

Je n’en suis pas encore là, mais je reviendrai mettre à jour cet article à ce moment là.

Il faut alors espacer et aérer les bûches, idéalement avec une technique dite en « X » ou directement à la verticale.

En conclusion ?

Je concluerai par ce qui nous intéresse : quid de la récolte ?

La cage de bûches, ensemmencées aux trois champignons, est en place depuis le 31 Mai 2024.

J’espère donc une première récolte l’année prochaine, voire l’année suivante.

Patience, patience…

Si ça n’est pas une science exacte, je peux tout de même espérer théoriquement récolter entre 10 et 20% du poids frais de chaque bûche, sur le cycle complet de culture ; qui dure plusieurs années (on estime à 4 ans).

Donc, pour une bûche de chêne de 15cm x 1m de long (estimatif à 17 kilos), cela ferait une récolte entre 1.70 et 3.40 kilos de champignons. Ou, pour ma cage entière, de 25 à 50 kilos de champignons.

Pas si mal, pour quelques heures de travail et un peu moins de 35€ de mycélium sur chevilles : cela donne théoriquement le prix du kilo de champignon entre 0.70€ et 1.40€ (si vous avez déjà tout le reste du matériel, évidemment).

Autrement dit : A suivre…

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