Quand on pense à son domicile, on pense généralement confort, sécurité, chaleur, tranquillité.
Pour certain(e)s, et on en fait partie, autonomie.
Mais… qu’on le veuille ou non, toutes ces qualités intrinsèques à nos logements sont souvent fortement dépendantes du « high tech ». De fait, le concept de maison « low tech » semble presque à contre-courant.
Pourtant, l’idée d’avoir un logement low tech s’impose comme une alternative évidente, car durable, écologique, économique, et simple dans son fonctionnement, surtout lorsqu’on la compare aux maisons dites « modernes ».
Dans cet article, on va tenter d’y voir un peu plus clair sur ces concepts :
- Qu’est-ce qui fait qu’une maison « moderne » est « high tech » ?
- Du coup, à l’inverse, qu’est-ce qu’une maison « low tech » ?
- Peut-on vraiment imaginer vivre dans un habitat low tech aujourd’hui ? Quels en seraient les avantages et les limites ?
Qu’est-ce qui fait qu’une maison « moderne » est « high tech » ?
Avant de lister ce qui compose une maison moderne, commençons par une rapide définition du concept de « high tech ».
Le high tech, au sens large, désigne les technologies de pointe qui reposent sur l’innovation scientifique et technique. Elles sont souvent associées à une complexité accrue, à une dépendance à des ressources rares ou transformées, et à un besoin de maintenance spécialisé. Cela englobe les objets numériques, les dispositifs connectés, mais aussi les matériaux et procédés industriels avancés.
Hé oui !… Dans une maison moderne, ce concept s’étend bien au-delà de l’aspirateur-robot mais inclut quasiment l’ensemble des éléments qui composent notre habitat, du sol au plafond.
Listons, si vous le voulez bien (si vous ne voulez pas, c’est la même… sur cet article, c’est moi l’chef !)…
Tout d’abord, on a l’évidence :
- L’électroménager (lave vaisselle, sèche linge, lave linge, grille pain, frigo, four, plaque de cuisson, déshumidificateur…)
- Le multimédia (tv connectée, ordinateur, enceinte Bluetooth…)
- Toutes les conneries modernes (baignoires à jets massant, SPA gonflables, tapis de course connectés…)
Ensuite, on a ce à quoi on pense quand on y réfléchit un peu :
- Volets et stores électriques,
- Ventilation (simple, hygro B, double flux…)
- Climatisation et chauffage (chaudière à gaz, pompes à chaleur, radiateur électrique…)
- Panneaux solaires et batteries de stockage,
- Caméras de surveillance, détecteurs de mouvements, alarmes connectées…
- Ballon d’eau chaude, robinets thermostatiques et cie…
Et enfin, et on a tendance à les oublier :
- L’isolation thermique (laines en tout genre, y compris les panneaux fibres de bois),
- L’éclairage ! Une ampoule LED est clairement un objet high tech.
- L’eau potable au robinet (un réseau d’assainissement moderne, c’est pas de la blague ! Et le tuyau PE qui vous l’amène non plus),
- L’assainissement de vos eaux usées (même en phytoépuration, vous allez utiliser des PVC et potentiellement des pompes de relevage sortis en direct d’usines high-tech),
- Les meubles d’usines, la cuisine Ikea, les verres soufflés, votre matelas à mémoire de forme, etc, etc.
- Le carrelage en grès, le placo, la peinture résine, le parquet vinyle, la fenêtre double vitrage gaz argon, le parpaing…
Oui, j’ose le dire : tout est high tech !…. Ou presque.
Si je m’emportais, j’irai même jusqu’à sous-entendre que les poêles à bois à rendement +95% sont aujourd’hui high-tech et que seul le bon vieux foyer ouvert mérite l’étiquette « Low Tech ».
Cela soulève deux questions :
- Avons-nous besoin de tout cela ?
- Ou, à l’inverse, pourrions-nous imaginer une maison où simplicité et sobriété sont au cœur de l’habitat ?
Pour répondre à ça, on va se poser une autre question…


Du coup, à l’inverse, qu’est-ce qu’une maison « low tech » ?
Si on considère qu’une maison moderne est truffée de technologies plus ou moins visibles, une maison low tech serait-elle simplement une cabane au fond des bois avec un feu de camp et un seau d’eau ?
Pas forcément.
Une maison low tech, ce n’est pas revenir à l’âge de pierre, mais repenser nos besoins réels et privilégier des solutions simples, durables et faciles à entretenir.
C’est l’art d’en faire plus avec moins, sans sacrifier l’essentiel.
La low tech désigne des technologies simples, durables, réparables et accessibles, conçues pour répondre efficacement aux besoins essentiels tout en minimisant l’impact écologique et la dépendance aux ressources industrielles.
Concrètement, ça donne quoi ?
Des matériaux bruts, locaux et naturels
- Bois non traité, pierre, terre crue, paille… Des matériaux disponibles à proximité, peu transformés, qui ne nécessitent pas de process industriels lourds.
- Isolation en laine de mouton, chanvre, ou bottes de paille, loin des isolants synthétiques.
- Toiture en tuiles, en bardeaux de bois ou même en végétalisation (eh oui, c’est rustique mais efficace !).
Des systèmes passifs pour le confort thermique
- Orientation de la maison : penser à l’exposition au soleil pour chauffer naturellement en hiver et rester frais en été.
- Inertie thermique : utiliser des murs épais qui emmagasinent la chaleur ou la fraîcheur.
- Ventilation naturelle : fenêtres bien placées, puits canadien, ouverture en hauteur pour évacuer l’air chaud.
Une gestion autonome de l’eau et des déchets
- Récupération de l’eau de pluie pour les toilettes, la lessive, l’arrosage.
- Toilettes sèches : zéro chasse d’eau, zéro gaspillage.
- Compostage des déchets organiques, retour à la terre, circuit court.
Des équipements simples, efficaces et réparables
- Chauffage au bois : un bon vieux poêle, simple, robuste, qui chauffe efficacement et qui permet idéalement la cuisine au bois.
- Éclairage sobre
- Pas de gadgets : pas de robots de cuisine, pas d’enceintes connectées, pas de volets roulants électriques. On ouvre les fenêtres et les volets avec les mains, comme avant.
En bref, une maison pensée pour durer et pour être entretenue facilement par vos soins (pas besoin de faire appel à un technicien spécialisé pour chaque panne).
Peut-on vraiment imaginer vivre dans un habitat low tech aujourd’hui ? Quels en seraient les avantages et les limites ?
Vivre dans une maison low tech aujourd’hui, est-ce réaliste ou juste un fantasme de décroissant ?
La question mérite d’être posée, surtout dans un monde où tout pousse à la surconsommation et à la dépendance technologique (pour rappel, vous lisez ces mots sur un média web hébergé sur un serveur dans un data center, au travers d’un écran branché à une unité centrale ou à un téléphone mobile).
Quels sont les avantages d’un habitat low tech ?
Une « véritable » autonomie
Moindre dépendance aux fournisseurs d’énergie ou d’eau. En récupérant l’eau de pluie ou de puits, en produisant son bois de chauffage (avec une hache et un merlin, hein !), et en misant sur des systèmes passifs pour chauffer et ventiler la maison, on gagne en indépendance. Les coupures de courant ou les hausses de prix ? Ça ne devient plus (ou moins) un problème.
Un impact écologique réduit
Moins de matériaux industriels, moins de gadgets électroniques, moins de consommation énergétique : l’habitat low tech limite drastiquement son empreinte carbone. Toute personne qui a déjà construit ou rénover sait à quel point cela produit du déchet…
Des coûts de vie réduits
Même si la construction d’une maison low tech peut demander un certain investissement de départ (surtout si on fait appel à des artisans spécialisés), les coûts d’entretien et de fonctionnement sont ensuite plus faibles. Pas d’abonnement à des services connectés, peu de maintenance coûteuse… De la nécessité également de se former à tout ça.
Robustesse et durabilité
Des matériaux simples, des systèmes éprouvés, peu de pièces électroniques : moins de risques de pannes, de dysfonctionnements ou d’obsolescence. Une maison low tech est pensée pour durer.
Un mode de vie plus naturel
Moins de polluants dans les matériaux, pas de wifi omniprésent, une luminosité plus naturelle… Une maison low tech offre un cadre de vie plus naturel et plus respectueux des cycles de la nature.
Mais alors, quelles sont les limites ?
Un confort plus rustique
Soyons honnêtes : vivre dans une maison low tech, c’est accepter de renoncer à un certain confort moderne. En hiver, il faut gérer le poêle à bois (et assumer le réveil à 14°c dans la maison). En été, il peut faire chaud si l’isolation n’est pas optimale. Oubliez la douche à l’italienne à 40°C quand il fait -5°C dehors, sauf si vous avez bien anticipé la gestion de votre eau chaude.
Plus d’efforts au quotidien
Faire du bois, conserver le feu, entretenir les installations, surveiller les réserves d’eau, vider les toilettes sèches, cuisiner au feu de bois… Le low tech demande une vraie implication personnelle. Ce n’est pas une solution clé en main. Il faut du temps, de la sueur et parfois apprendre des compétences manuelles oubliées.
Un investissement de départ parfois élevé
Utiliser des matériaux écologiques et durables, construire soi-même ou faire appel à des artisans spécialisés peut coûter plus cher au départ qu’une maison conventionnelle (si vous avez déjà fait des devis pour une dalle béton vs dalle chaux pouzzolane, vous savez de quoi je parle !).
Des contraintes administratives et légales
Récupérer l’eau de pluie ou du puits pour un usage domestique peut être réglementé, voire interdit, selon les zones. L’assainissement, y compris en phytoépuration, doit être breveté et certifié. De même, certaines normes de construction imposent des choix techniques pas toujours compatibles avec une approche low tech. Il faut donc négocier avec la réglementation.
Une adaptation sociale
Dans une société hyperconnectée, choisir de vivre sans certains équipements high tech peut être vu comme marginal. Cela peut même générer de l’incompréhension de la part de l’entourage ou de la communauté locale.
Alors, est-ce possible ? Oui, mais pas sans compromis.
Vivre dans une maison low tech aujourd’hui est tout à fait possible, à condition d’accepter de repenser son rapport au confort et de s’impliquer activement dans la gestion de son habitat.
Ce mode de vie est plus qu’un simple choix architectural : c’est une philosophie de vie.
Mais est-ce souhaitable ?
Cette philosophie est d’autant plus difficile à adapter qu’elle consiste à « ralentir » et à simplifier, dans une société qui demande en permanence à « accélérer » et à tout optimiser.
On valorise la rapidité, la performance, le « toujours plus », alors que le low tech prône le « mieux », le « moins », le « durable ».
Après, rien ne doit obligatoirement être tout blanc ou tout noir.
Vous pouvez décider d’une transition douce avec quelques équipements low tech intégrés dans un logement classique.
Poco a poco. Chaque petit pas compte.
L’utilité est évidente : vous désolidariser d’une société vacillante où tout est toujours plus coûteux (sous forme d’abonnement, si possible), complexe et surtout fragile.
Une simple panne de réseau ou une crise énergétique peuvent paralyser des foyers ultra-dépendants des technologies.
Le low tech, lui, permet de reprendre le contrôle sur l’essentiel.
Non, la vraie question, c’est : êtes-vous prêt(e) à faire le pas… et si oui, quelle taille de pas ?