Forger un couteau de A à Z, ça ne s’invente pas.
Il faut respecter une succession d’étapes, toutes importantes, pour forger une lame en acier
Voici, un complément de l’excellent article de Coustil, les étapes de fabrication d’un couteau :
- La fabrication d’un méplat
- La mise en forme de la lame
- Le recuit
- L’émouture grossière
- Les normalisations
- La trempe
- Le revenu
- La finition
- L’affûtage
Fabrication d’un méplat
La première chose à faire est de créer un méplat dont la section doit correspondre à la section la plus large du couteau.
Dans notre exemple, on cherchera à obtenir un méplat de 25×4.
On peut, par souci de facilité, partir directement d’un méplat standard aux dimensions ad hoc. Ne pas passer à l’étape suivante tant qu’un méplat correct n’est pas obtenu. Il faut avoir suffisamment de longueur pour la lame et le manche.
Un bon méplat c’est déjà une étape décisive pour l’avenir de la lame. Il détermine l’épaisseur.
Si vous partez d’un morceau cylindrique, je vous conseille de faire votre pointe avant d’aplanir le cylindre.
Faire un méplat permet aussi de s’échauffer et de se mettre à l’aise avec l’acier que vous travaillez. C’est un bon moyen pour chauffer aussi votre forge.
Attention de ne pas aller trop vite et de ne pas passer sous l’épaisseur que vous souhaitez, c’est toujours plus facile d’ôter de la matière que d’en rajouter!
Mise en forme de la lame
L’objectif est ici d’affiner la pointe, et sortir progressivement le tranchant tout en redressant la lame.
Veiller à laisser un peu de matière sur le tranchant (environ 1 mm, voire plus sur les lames longues).
Il existe autant de façons de faire, que de couteau et de forgerons, mais on retrouve des bases communes… un peu à la manière d’un alphabet commun à tous les couteliers forgerons.
Le recuit
Chauffer l’acier à température de trempe. Laisser refroidir lentement dans le feu de forge mourant (toute la nuit) ou dans un bac rempli de vermiculite (quelques heures).
Le recuit sert à rendre l’acier un peu plus tendre après la forge afin simplifier le travail de la lime (ou du backstand).
La dureté sera homogène et on peut espérer quasiment à chaque fois l’absence de toutes contraintes internes dues à la forge et aux différentes chauffes.
Le recuit peux faire grossir le grain de l’acier, c’est souvent ce qui se passe lors du refroidissement lent de la lame. C’est aussi pour ça qu’on fait une normalisation avant la trempe.
L’émouture grossière
Cette étape permet d’affiner le travail fait à la forge. Elle se fait par abrasion.
De nombreux outils différents peuvent être utilisés. Le plus simple est de travailler à la lime.
Commencer par fignoler le contour de la lame. Puis faire les plats (ricasso, semelle). Pour finir, travailler sur le tranchant. Laisser un demi millimètre de matière au tranchant. Percer les trous si besoin.
Comme je l’ai précisé dans les erreurs du débutant, il faut faire attention et ne pas griller d’étape.
Aller trop vite, c’est prendre des risques.
L’émouture doit être dégrossie, mais il faut savoir laisser de la matière. Si votre tranchant est trop avancé alors il y a un risque élevé de tapure lors de la trempe.
Les normalisations
Chauffer l’acier à température de trempe. Laisser refroidir à l’air libre.
On peut réchauffer dès que la lame est sombre.
Il est conseillé de faire au moins trois normalisations.
Cette étape est assez simple à mettre en œuvre mais il ne faut pas la négliger.
Ce traitement thermique destiné à affiner le grain (qui aura certainement grossit lors du recuit) permet aussi d’éviter les mauvaise surprises à la trempe : tapure ou déformation de la lame.
La trempe
Chauffer la lame à température de trempe (rouge). La sortir avec les tenailles et tremper rapidement dans le milieu adéquat. Dès que la lame est froide, vérifier que la trempe s’est bien passée en testant le tranchant avec une lime.
Je vous conseille de respecter toutes les étapes précédentes pour mettre toues les chances de votre coté et réussir ce traitement thermique.
Pour connaitre la température d’un acier, vous pouvez vous référer à cette infographie. En général on trempe à rouge sombre, cerise foncé, mais chaque acier à sa t° de chauffe optimale.
Le revenu
Mettre immédiatement la lame dans un four préchauffé à la température de revenu (en général de 200 à 240 °C). Faire deux cycles successifs en laissant la lame refroidir totalement entre.
Cette étape est une des plus simple, enfin une des moins risquées…
Il existe des t° précises suivant les aciers, pour de la récup ou une nuance inconnue, je préfère chauffer à 200°C.
La finition
Travailler les surfaces avec des abrasifs de plus de plus fins, jusqu’au niveau de finition souhaité. Cette opération concernera au minimum le tranchant.
Attention à ne pas chauffer à nouveau l’acier, voir le brûler.
Avancez progressivement et prenez le temps qu’il faut car un coup trop fort et votre lame est à jeter.
Travaillez avec un bac d’eau à coté de vous pour refroidir la lame si vous utilisez un moyen autre que manuel.
L’affûtage
A l’issue du polissage, le couteau est déjà tranchant.
Il ne reste qu’à lui passer un petit coup de pierre très fine (style pierre de coticule).
On peut faire cette opération avant ou après le montage du couteau.
Bonus de fin d’article : La forge d’un couteau en images…
Une démonstration de forge chez Mickaël Moing. Je vous laisse apprécier…
Bonus² : Vous êtes plus lance de viking que couteau ?
A la bonne heure… jetez un œil à cette vidéo incroyable qui retrace, étape par étape, la forge d’une lance.