Comment se déplacer en zone urbaine en cas de rupture de la normalité ?

de Sven
Publié le : Dernière mise à jour le

(Texte rédigé par un lecteur de NoPanic, ancien militaire)

Les exemples de ruptures de la normalité en ville dans un contexte de violence plus ou moins important ne manquent pas : guerres, émeutes, délinquance ou événement climatique.

Ces exemples montrent aussi que la durée de ces ruptures peut varier de quelques jours à plusieurs années.     

Hors nous sommes nombreux à habiter en Zone URBaine (Z.URB) ou péri-urbaine, et si nous nous retrouvons coincés en ville pour un temps plus ou moins long dans ce contexte, nous risquons alors d’être amenés à devoir nous déplacer pour diverses raisons.

Nous allons donc étudier la meilleure façon de se déplacer en ville dans ce type de contexte.

Contexte et mise en situation

Dans le cadre de tel événement, en général, l’ordre n’est globalement plus assuré par les forces de l’ordre qui restent au mieux concentrées autour des centres de décision du pouvoir.

Cela se traduit par :

  • les commerces alimentaires sont vides ou rationnés ;
  • la pénurie d’essence se fait sentir, faute d’approvisionnements ;
  • le marché noir a fait son apparition ;
  • certains quartiers sont tenus par des gangs et/ou groupes armés ;
  • des voisins s’organisent pour se sécuriser et chercher de quoi nourrir leurs familles.

Tous ces éléments peuvent (ou non) être simultanément présents, ou se mettre en place progressivement.

Plus cette rupture de normalité durera, sans retour du régalien, et plus la Z.URB verra une organisation nouvelle se mettre en place. Organisation dont il faudra apprendre maitriser les codes pour se déplacer en sureté.

Raisons possibles d’un déplacement

Les raisons peuvent être multiples : chercher de la nourriture, du matériel, des médicaments, aller échanger au marché noir, etc.

Déplacements effectués par des civils en petits groupes (de 2 à 5 individus) ou éventuellement « seul », sans connaissance particulière sur les savoir-faire professionnels du déplacement en Z.URB hostile.

Un milieu particulièrement abrasif pour les corps

La Z.URB est un milieu particulièrement « abrasif » pour les organismes.

Le témoignage d’une section d’infanterie américaine, lors de la bataille de Fallouja qui dura trois semaines en 2005, montre que les soldats eurent plus à souffrir de la poussière, de la chaleur, des micros blessures provoquées par les débris et des conditions d’hygiène, que de l’ennemi.

Au bout de quelques jours, le nombre de gastro-entérite fut un véritable problème.

Non seulement la capacité opérationnelle était affaiblie mais, faute de moyens d’évacuation des déchets et d’échange des tenues, les soldats vivaient (littéralement) dans leur merd…

L’électricité : la vraie dirigeante de la ville

Nos villes occidentales modernes sont entièrement dépendantes de l’électricité.

Sans elle, plus rien ne fonctionne et en particulier tout ce qui permet l’évacuation des déchets humains, l’alimentation en eau ainsi que l’éclairage de l’intérieur des bâtiments et autres structures souterraines.

Les portes automatiques restent bloquées, les systèmes d’alarme et de sécurité incendie deviennent inopérants au bout de quelques heures, les rideaux des supermarchés restent fermés et plus moyen de retirer de l’argent dans un distributeur.

Devoir monter au huitième étage sans ascenseur devient sportif si l’on transporte quelque chose et il est impossible de faire à manger avec des plaques électriques.

Les trois « ennemis » permanents

1 – L’environnement et les blessures

Le premier « ennemi » est le danger qui est omniprésent et dont il faut se protéger : chocs, coupures, chutes, poussière, gravats, débris, incendie, fumées, gaz, électricité, produits chimiques, hydrocarbures, etc.

L’hygiène générale également, qui se dégrade rapidement : déchets ménagers, cadavres, rats, eau polluée, matières fécales, etc. ; tout ceci favorisant la propagation des maladies.

Plus cela se dégrade, plus c’est abrasif

2 – Les déplacements en « 4D », en extérieur et en intérieur

Pourquoi en quatre dimensions ?

  • la subsurface (sous-sols),
  • la surface,
  • la super-surface (les étages et niveaux supérieurs),
  • l’aérien.

Quelques règles générales pour les déplacements :

  • Ils se feront en zone connue, mais également inconnue (avantage alors à celui qui y habite),
  • Il faut penser en durée de déplacement et non en distance.
  • L’orientation est un gage de rapidité.
  • Le chemin le plus court n’est pas nécessairement le meilleur et il faut parfois faire des détours
  • Vous serez amené à progresser de nuit ou dans des bâtiments sans lumière.

3 – Les franchissements

Vous serez confrontés à deux types de franchissement :

  • Obstacles horizontaux (portes, cadenas, vitres sécurisées, grilles, chaines, etc.) qui sont souvent « résolus » par l’effraction.
  • Obstacles verticaux (escaliers impraticables, pont effondré, etc.), qui sont généralement résolus par un franchissement vertical.

Comment anticiper et se préparer ?

Dans ce type de situation, d’environnement et face à ces dangers, il faut :

  • Préparer son déplacement (Pourquoi ? Où ? Par où ? Quand ? Comment ? Avec qui ? Potentiellement contre qui ?),
  • Avoir un minimum de matériel sur et avec soi,
  • Adopter un (low) profil nous permettant de ne pas devenir un centre d’intérêt pour d’éventuels « malfaisants » ; c’est-à-dire, à mon sens, le profil de « l’homme gris », limite clodo (à privilégier surtout si l’on est seul) et non le profil du « Tactical Gear ».

Quel matériels faut-il ? La liste idéale

Nous allons maintenant passer en revue une liste d’équipements et matériels, qui se veut la plus exhaustive / idéale possible.

Liste d’équipements pour se protéger

  • Tenue solide (jeans, vêtements de chantier, veste ample pour dissimuler gilet de portage, outils, etc.). Un mixte entre noir et gris permettra de ne pas trop ressembler aux forces de l’ordre. Pour rester discret, on oubliera aussi les camo urbain, shemag et autres patchs « punisher ».
  • Chaussures montantes (éviter de se fouler une chevilles).
  • Genouillères et coudières (ce sont des zones particulièrement sensibles quand elles heurtent les murs ou le trottoir). Les coudières pourront être portées sous la veste ample et il existe de plus en plus de pantalons de travail ayant des genouillères intégrées afin d’être toujours dans la discrétion.
  • Gants (mitaines à minima) pour protéger des microcoupures (débris divers, verre coupé, etc.).
  • Lunettes couvrantes (poussière, éclats).
  • Masque FFP3 (en cas de forte poussière), à mettre uniquement en cas de besoin, pour privilégier la discrétion.
  • Bouchons Anti Bruits (les explosions et détonations sont particulièrement traumatisantes en espace clos).
  • Casque pour les chocs et les éclats à la tête (kevlar, airsof, vélo). Là encore, à sortir du sac en fonction de la situation.

Liste d’équipements pour se déplacer

  • Plan de la ville.
  • Boussole, même si l’on possède un G.P.S., car ce dernier ne passe pas partout, peut être brouillé et fonctionne à l’électricité.
  • Jumelles : elles sont indispensables pour observer l’environnement ainsi que les points particuliers, comme les points de passage obligés (carrefours, ponts, etc.), les fenêtres qui pourraient être des positions de tir, l’entrée d’un immeuble où l’on doit pénétrer (zut ! il y a une chaine et un cadenas = moyen d’effraction). On progressera donc de points d’observation en points d’observation. Entre deux points d’observation, la progression sera rapide afin d’éviter de devenir une cible trop facile. Cette manière de progresser permettra d’éviter de se retrouver coincé ou de devoir faire demi-tour en plein milieu d’une rue, ce qui nous exposerait inutilement. Pour ce faire, pas besoin d’une paire de jumelle de marine. Une paire de jumelle de voyage en 10×32, 12×42 fera l’affaire, voire une simple monoculaire.
  • Lampe frontale (blanche / rouge) – piles de rechange.
  • Jumelle de vision nocturne avec équipement de tête (si possible). C’est un plus lorsqu’il fait nuit et dans les lieux sans éclairage et électricité, comme une réserve de magasin ou un parking souterrain, afin de se déplacer sans être repéré.

Liste d’équipements pour franchir / fracturer

  • A minima : matraque télescopique acier (P1) pour briser une vitre, hachette ou tomawak (P2). J’aime bien aussi le pied de biche pour sa polyvalence au rapport de son faible coût.
  • Idéalement : coupe boulon, pince multifonctions, marteau arrache clous, scie pliante, clé multifonctionnelle armoires techniques.
  • Corde de rappel, baudrier, descendeur, mousquetons, corde à nœud + grappin, échelle souple de spéléo.

Liste d’équipements pour se soigner et pour l’hygiène

  • Trousse de secours (trauma / bobologie dont gastro). On peut prévoir deux types de trousse de secours : une à minima pouvant être mise dans une poche de gilet (comprenant 1 garrot SWAT-T, 1 pansement compressif israélien, 1 ciseau coupe vêtement, du produit désinfectant, des pansements + elastoplaste pour les faire tenir, 2 cachets d’antalgique, de l’argile vert ou Smecta pour la diarrhée) et une plus complète se logeant dans le sac à dos. Celle-ci pouvant même être « collective » si l’on part à plusieurs.
  • Mouchoirs en papier (sert aussi de papier toilette).
  • Si l’on prévoit de partir 24 heures ou plus : lingettes nettoyantes, brosse à dents + dentifrice (du confort qui a aussi un impact psychologique)

Liste d’équipements pour s’hydrater et s’alimenter

  • Gourde, gourde pliante (à remplir si l’on trouve un point d’eau).
  • Pastilles purification eau, teinture d’iode, javel.
  • Gourde filtrante.
  • Paille filtrante.
  • Réchaud (type Esbit) et gamelles… ou rations de survie, pour éviter de devoir faire du feu.

Liste d’équipements pour la régulation thermique

  • Couvre-chef (en fonction de la saison) type bonnet, casquette.
  • Poncho.
  • Veste chaude (en fonction de la saison ou si l’on prévoit de dormir dehors).
  • Chèche coton-lin.
  • Paire de chaussettes de rechange.
  • Briquet + bougie de survie.

Liste d’équipements pour observer et mesurer

  • Jumelles (encore).
  • Miroir (pour regarder sans sortir la tête de l’angle d’un mur).
  • Télémètre (si possible).

Liste d’équipements pour se camoufler

  • Fumigène d’air-soft (permet de franchir un espace découvert ou de quitter une position ou l’on est exposé au tir d’un sniper par exemple). Le sniper pourra toujours tirer mais ne pourra pas vous ajuster facilement.
  • Stick camo / cagoule ou filet camo.
  • Morceau de tissus « cassant la silhouette », etc.

Liste d’équipements pour communiquer

Liste d’équipements pour déminer / protéger sa position

  • Jumelles (encore et toujours) pour détecter au sol ce qui semble anormal.
  • Paracorde + nœud tête de turc lestée. Ce système permet, après l’avoir lancé, d’accrocher les fils pièges éventuels en ramenant la paracorde vers soi et de déclencher l’explosion. Cela manque de discrétion mais est efficace si vous ne pouvez pas contourner la zone.
  • Fil de pêche + flash-bang d’airsoft. Si l’on doit passer la nuit dans un bâtiment, la mise en place d’un piège sur un passage obligatoire (porte, passerelle, etc.) pour alerter en cas d’intrusion vous mettra en alerte et vous donnera un délai pour réagir. Surtout si vous êtes seul : vous devrez bien trouver un moment pour dormir.

Liste d’équipements divers

  • Couteau pliant avec brise vitre.
  • Paracorde.
  • Duct tape.
  • Crayon / carnet étanche (type « rite in the rain »).
  • Mini ouvre-boite (rien n’est plus idiot que de devoir risquer de se blesser avec un couteau pour ouvrir une boite de conserve que l’on vient de récupérer).
  • Musette ou sac à dos pour récupérer du matos.

Liste d’équipements pour se défendre

Par principe, on évitera toujours l’affrontement, au risque de se retrouver blessé, ou mort.

Néanmoins, dans certaines situations, il ne sera pas possible de faire autrement.

  • Matraque acier.
  • Hachette.
  • Couteaux.
  • Spray au poivre (animaux).
  • Menotte souples (serflex)
  • Fumigènes (3),
  • Flash-bang (1 – 2),
  • Etc.

Les protections balistiques (gilet ou plaque stand-alone) peuvent être un plus en cas de confrontation armée.

Néanmoins, une protection balistique pèse son poids, doit être stockée à l’abri de la lumière et de la chaleur, nécessite d’avoir une « couche » pare-lames et d’être au minimum de classe IIIA ou IV sans oublier que la plupart ne sont pas multi impacts (une seule utilisation) et que le prix n’est pas donné.

A chacun de voir s’il risque d’en avoir l’usage. On peut trouver sur un site comme Natura-buy des gilets de « destokage » a des prix abordables qui feront l’affaire si l’on est dans une optique de protection supplémentaire de « l’homme gris ». Si l’on est plutôt dans l’option « civil armé » s’affichant comme tel, l’achat de protections neuves est recommandée.

La liste est donc bien longue et il faut pouvoir emporter et porter tout cela. Ce qui est clairement impossible si l’on est seul.

Comment se déplacer en zone urbaine en cas de rupture de la normalité ?

Liste d’équipement pour une personne seule

Si je devais partir seul, ma liste a minima de « l’homme gris » serait la suivante :

Ma tenue

L’idée est d’être en bicolore noir/gris pour plus de discrétion :

  • pantalon de chantier ou treillis avec poche cargo (gris),
  • veste type « smoke Arktis » (noire) pour ses nombreuses poches, dans une taille suffisamment ample pour avoir plusieurs couches en hiver par exemple.

Partant du principe qu’ « on se défend avec ce que l’on a sur ses équipements et que l’on survit avec ce que l’on a dans ses poches »…

Voici le fond de mes poches :

  • boussole,
  • plan de la ville,
  • lampe frontale + piles de rechange (deux jeux),
  • bonnet,
  • chèche,
  • mouchoirs en papier,
  • mitaines,
  • couteau pliant avec brise vitre,
  • ration énergétique,
  • mini ouvre boite.

Et voici le matériel que j’emmènerai sur mon équipement de portage (ceinturon + bretelles avec pochettes ou gilet de portage ; avec une nette préférence pour le gilet de portage « tout devant », pour avoir ainsi un sac à dos vide dans le dos pour récupérer du matos) :

  • jumelles,
  • hachette,
  • pince multifonctions,
  • clé multifonctionnelle armoires techniques,
  • fumigènes (1),
  • f-bang (1) et fil de pêche (5 mt),
  • gourde + pastilles purification eau,
  • trousse de secours minima,
  • lunettes couvrante,
  • masque FFP3,
  • bouchons anti bruits,
  • poncho,
  • briquet + bougie (1) de survie,
  • paracorde (une dizaine de mètres),
  • duct tape (4 à 5 mt enroulé sur un petit tube plastique),
  • crayon / carnet.

Dans le dos, j’aurai une musette type « baba cool » : un sac à dos civil discret, ou type Lafuma Scout Bergam (toile et cuir).

On voit que l’intérêt de partir à plusieurs, outre la sécurité mutuelle qu’elle apporte, permet d’embarquer du matériel d’utilisation collective comme pied de biche, coupe boulon, corde à nœud, etc. et de pouvoir rapporter plus de butin.

Comment se déplacer en zone urbaine ? Exemple concret

La priorité est d’abord de préparer son déplacement.

Pour cela, il faut se poser un certain nombre de questions et y répondre !

Le but ?

Récupérer certains types de nourriture qui me manque (j’ai encore 40 kg de pâtes mais plus de conserves. Je manque aussi de dentifrice.)

Je dois donc prendre un sac vide.

Où ?

Je connais le dépôt d’un épicier (qui a quitté la ville) qui se trouve dans telle zone (XX kms, au plus court, depuis mon appartement… soit X heures A/R). Peu de personnes sont au courant, il devrait être intact.

Je n’ai pas les clés pour l’ouvrir, donc je prends des outils d’effraction.
La lumière est régulièrement coupée en ville, dont je prends ma lampe (et des piles de rechange).

Par où ?

Comment y aller et comment revenir ?

Je dois donc préparer l’itinéraire Aller et l’itinéraire Retour (si différent de l’aller) ; et idéalement le mémoriser.

Quels sont les points particuliers à observer ? Je prends mon équipement de cartographie, mon plan et ma boussole.

Quels sont les franchissements éventuels (une voie rapide encaissée, un pont fortement endommagé, etc.) ? Je prends les moyens de franchissement adéquats (corde, etc.)

Quels sont les zones éventuelles à éviter (obstructions, gangs, danger chimique, etc.) ?

Je prends une radio FM pour capter d’éventuelles informations si cela fonctionne encore (renseignement en amont).

Quand ? Pour quelle durée ?

Vais-je me déplacer seulement quelques heures ?

Dans ce cas, plutôt de jour ? De nuit ? Entre chien et loup ?

Vais-je me déplacer sur plusieurs jours ?

Dans ce cas, est-ce que je me déplace de nuit et agis de jour ? L’inverse ?

Qui part ? Quels effectifs ?

Est-ce que je pars seul ou partons-nous à plusieurs ?

Dans ce second cas, comment fait-on pour la répartition du matériel et quels moyens de communication allons-nous utiliser ?

Comment se déplace-t-on ?

Quel moyen de locomotion ? En voiture, à pied, en vélo, à cheval, etc.

Quelles rencontres ?

Où pourrait-il y avoir des rencontres ? Sur l’itinéraire, aux abords du local, dans le local…

Quelle attitude auraient-ils à notre égard ? Neutre, amicale, hostile…

Préparation du déroulement ?

Une fois toutes ces premières questions répondues, il faut imaginer le déroulement du déplacement :

  • Départ à XXHXX.
  • Itinéraire aller. Durée prévisionnelle de XXHXX.
  • Au point d’arrivée : observer / écouter les environs du local et le local proprement dit.
  • Reconnaître l’entrée du local pour définir le mode d’effraction.
  • Pénétrer dans le local.
  • Reconnaître l’intérieur du local.
  • Récupérer les approvisionnements.
  • Sortir du local (le refermer et/ou le sécuriser si l’on veut revenir),
  • Itinéraire retour. Durée prévisionnelle de XXHXX.
  • Retour prévu pour XXHXX.

Que faire dans le cas d’un imprévu ?

Prévoir l’imprévisible est essentiel.

Que faire en cas de séparation du groupe ? Si le local est déjà occupé ? Si, lors du déplacement, on découvre une autre opportunité ?

Retex réel : témoignage du siège de Sarajevo

En préambule, il ne faut pas oublier que le siège de Sarajevo, qui dura 4 ans, est un effondrement localisé.

Pour le contexte, je vous recommande cette vidéo :

Outre Sarajevo, nous avons une documentation assez importante de survie en période d’effondrement, en zone urbaine de pays développés.

Il vous suffit de regarder les différentes vidéos de Philippe BUFFON (grand reporter) sur Youtube, la crise en Argentine, ou encore celle du Venezuela.

Le Venezuela bat désormais tous les records mondiaux d’infortune : une inflation de 10 millions de %, la recrudescence de dizaines de maladies autrefois éradiquées comme la malaria, un taux d’homicide exponentiel qui fait de Caracas la capitale la plus dangereuse du monde.

Les Vénézuéliens ont perdu en moyenne 10 kg en 5 ans.

L’eau et l’électricité sont devenues un luxe. En mars dernier, une panne massive plongeait le pays dans le noir durant une semaine, alors que le Venezuela était un pays autrefois exportateur d’énergie.

Le plus cocasse : l’essence est devenue une denrée rare alors que le pays, membre fondateur de l’OPEP, était il y a encore 3 ans le 8e exportateur mondial de pétrole.

Extrait d’article du Ouest-France – 27/11/2019

Mais revenons-en à Sarajevo, au sujet des déplacements…

Durant cette période, il n’y avait pas de véhicule qui roulait.

En fait si, je me souviens d’un tank sur une ligne de front, et d’une Lada Niva avec les portes découpées et une mitraillette installée sur le toit, et qui étaient déplacés au besoin quand il y avait des échanges de feu (sinon ils restaient cachés derrière des ruines).

Pour la population civile, il n’y avait pas de véhicules en déplacement, les rues étaient principalement encombrées de ruines, et impraticables, et le carburant était trop cher.

Nous utilisions beaucoup de sorte de vélos ou de chariots, mais principalement pour déplacer des choses (du bois et d’autres trucs), et non pour nous déplacer.

C’est difficile de se déplacer en vélo, dans le noir complet, avec des routes pleines de débris, des carcasses de voitures et plein d’autres choses.

Je lisais un post sur ce forum, où quelqu’un suggérait le skateboard comme un moyen de transport efficace pour un SHTF urbain. Cela m’a fait beaucoup rire. Vous devez changer complètement votre état d’esprit. Personne n’est à découvert, quelqu’un vous surveille probablement depuis une maison abandonnée, caché, affamé surement, et vous voulez utiliser un skateboard ! C’est une plaisanterie !

Dans la ville, vous n’allez probablement jamais vous déplacer sur les routes, vous vous déplacerez à travers les ruines, jamais à découvert, et surtout sans faire de bruit (comme avec un skateboard) et probablement souvent dans la nuit.

Je ne sais pas combien de vous peuvent imaginer à quelque point une ville détruite peut être sombre, pas de lumière du tout. Je veux dire c’est vraiment très sombre, c’est déjà dur de marcher, sans parler de courir, et encore moins sans parler de skateboard !

Si vous vous imaginez avec le meilleur matériel, le meilleur pistolet du marché, le meilleur uniforme, bottes, kevlar, lunettes de vision et tout le reste, et que vous vous attendez à faire du skate durant le SHTF et d’autres choses, hmmm j’imagine surement une belle photo mais cela ne marchera pas.

Rambo sera le premier à être tuer.

Désolé j’aime bien le film aussi, la première partie est sympa. Tôt ou tard vous devrez vous cacher, explorer, avoir froid, être sale, être apeuré, pauvre, puer, être désespéré.

J’ai vu le film « La route » aussi. Bon film, bon sentiment de désespoir, mais marcher ouvertement sur la route, en poussant un caddie durant la journée, au lieu d’aller à travers la forêt ou les ruines ? Vérifier le contenu de maison vide avec un enfant ?

Oubliez ça…

Vous ne serez pas seul durant un SHTF, il y aura d’autres gens, plus nombreux, plus forts, plus méchants, prêt à faire n’importe quoi.

Vous n’allez pas chercher les ennuis, d’aucune sorte. Vous chercherez à être le plus petit, le plus invisible, le moins intéressant possible, vous ne serez pas un héros…

Nous n’avions pas de chevaux dans la ville, mais je sais avec certitude que les chevaux et les mules (ou du même genre) étaient très utilisés dans les zones rurales à cette époque.

Dans tous les cas, pour sortir, vous deviez préparer certaines choses.

Un fusil, un pistolet, des munitions, un sac à dos, des vêtements sombres. Des bottes ou des chaussures montantes qui vous permettent aussi de courir et de marcher sur des choses cassées et dans les ruines.

Dans le sac à dos, j’avais souvent plus de munitions, de la nourriture pour une journée, une bougie ou une lampe, de l’eau pour la journée, des fois un outil.

Il s’agissait d’avoir les choses qui vous permettent de rester cacher pour une journée, à l’extérieur de votre maison. Mais en même temps, vous deviez rester très léger et mobile, et ne pas attirer l’attention. Donc un sac à dos remplis de pleins de choses durant ces voyages (mais si c’était des bonnes choses) n’était pas une bonne idée.

Nous ne partions jamais seul, toujours à 2-3 hommes.

Une petite hache aussi est une bonne chose à avoir, pour se battre et comme outil. Des gars utilisaient aussi une petite pelle militaire (qui se pliait), avec un tranchant aiguisé, encore une fois comme arme ou comme un outil.

Chaque sortie était un mélange de reconnaissance et de course…

Sur d’autres rumeurs, il y a l’histoire de quelques personnes qui auraient réussi à s’enfuir à travers le système d’égouts.

Je ne sais pas si c’est vrai, c’était un système vieux de 100 ans, combiné à de nouvelles sections, cela ressemblait à un vrai labyrinthe pour nous. Peut-être que c’est une bonne idée d’avoir une carte (blueprint) de ce réseau…

Selco : témoignage du siège de Sarajevo

Toujours ce témoignage passionnant, cette fois sur l’hygiène, la santé et les blessures :

Quand je me rappelle de cette époque, la première chose qui me vient à l’esprit, ce n’est pas les armes ou les problèmes de sécurité, je me rappelle toujours du froid et des odeurs.

En général, notre santé était faible, principalement à cause du froid durant l’hiver, de la mauvaise nourriture, et bien sûr à cause de la qualité de l’eau.

Chaque membre de notre famille a souffert de diarrhée sur une période plus ou moins longue.

Après un certain temps, je crois que plus de gens sont morts de maladies dues à un manque d’hygiène, plutôt qu’aux gangs.

Tout ce qui avait un rapport avec l’hygiène avait beaucoup de valeur, même le papier toilette.

L’hygiène est primordiale… et avoir le plus de médicaments possible, surtout les antibiotiques.

Je faisais quelque chose comme 65 kg à l’époque, aujourd’hui je fais 95 kg pour 185 cm.

J’ai perdu 15 dents, durant cette époque et juste après. J’ai eu des problèmes de peau pendant 3 ans après çà. Sans parler des problèmes psychologiques.

Je vais bien maintenant.

Des choses très bêtes tuaient les gens.

Une simple diarrhée est capable de te tuer en quelques jours sans les médicaments et l’hydratation nécessaire…surtout les enfants.

On a eu beaucoup de maladies de la peau, et des empoisonnements alimentaires…on ne pouvait pas faire grand-chose.

On faisait beaucoup avec les plantes locales et l’alcool, et pour le court terme ça allait, mais sur le long terme c’était horrible.

Nous traitions les maladies principalement avec des herbes locales, et pour les blessures, on mettait du rakia (=alcool) dessus, et on essayait de trouver des antibiotiques quelque part.

En parlant des herbes, beaucoup de gens utilisaient de l’ail et de la lavande comme substitut aux antibiotiques, le pin était aussi populaire comme antiseptique et bien sur la camomille.

Je connaissais un gars, quelques rues plus loin, qui s’occupait d’arracher les dents, avec des pinces (électriques), puis il lavait la bouche avec du rakia (alcool), et appliquait une mixture d’herbe locale.

Bien sûr après ce traitement, vous aviez besoin tout de suite d’antibiotiques.

Cela coutait quelques cigarettes pour payer ce dentiste qui à la base était vétérinaire de profession.

Quand le SHTF arrive, vous risquez de penser au papier toilette de manière démesurée.

Si vous manquez de place et que vous moyens financiers sont limités, vous allez après vous en vouloir de ne pas avoir utilisé cet espace et l’argent pour stocker des munitions ou des briquets par exemple.

Vous pouvez remplacer le papier toilette avec des alternatives… je sais, cela sera moins hygiénique, cela sera sale, je ne le referai plus, mais croyez-moi, vous pouvez le remplacer par d’autres choses alors que vous ne pouvez pas remplacer des balles ou des boites de conserves.

On utilisait une pelle et n’importe qu’elle bout de terre à proximité de la maison… ça a l’air sale, mais c’était sale.

On n’avait pas de papier hygiénique…et même si j’en avais je le troquais.

Donc mon opinion, à moins que vous ayez du stockage sans fin et beaucoup d’argent : vous devez choisir vos priorités.

Le papier toilette est bien, mais d’abord les choses plus importantes.

Mais si vous avez beaucoup de place, très bien, vous pouvez stocker beaucoup de chose en incluant aussi du papier toilette.

On se lavait avec l’eau de pluie récupérée, ou alors à la rivière, mais la plupart du temps c’était trop dangereux.

Les blessures étaient principalement des blessures par balles.

Sans les spécialistes et tout le reste, si la victime avait la chance de trouver un docteur quelque part, il avait 30% de chance de s’en sortir.

Ce n’était pas comme dans les films, les gens mourraient… beaucoup sont morts de petites blessures infectées.

J’avais des antibiotiques pour 3 ou 4 traitements, bien sûr, seulement pour ma famille.

Tout ce qui concerne la médecine est très important.

En premier je suggère d’apprendre le plus possible, je veux dire il est facile de tuer quelqu’un avec un mauvais traitement.

Ne vous renseignez pas juste sur internet et achetez du matériel. Vous devez d’abord savoir comment vous en servir.

Cela sera peut-être la deuxième compétence la plus importante en SHTF.

Témoignage du siège de Sarajevo

Comme toujours, on en revient aux compétences et à la formation.

Se former, se former, se former.

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