Pourquoi et comment protéger ses arbres fruitiers en présence de moutons ?

de Sven

Vous avez des moutons. Vous avez des arbres fruitiers.

Et vous vous demandez si les deux peuvent cohabiter sans finir en carnage arboricole ?

Bonne nouvelle : c’est possible.

Moins bonne : ça demande de l’anticipation, de l’observation… et un minimum d’équipement.

Dans cet article, on va parler d’agro-pastoralisme, de brebis plus ou moins bien élevées, de troncs dévorés (voire « explosés »), et surtout, de solutions concrètes testées sur le terrain.

Objectif : vous permettre d’allier entretien naturel du verger et production fruitière durable — sans sacrifier un arbre (et plus si affinité) à chaque printemps.

Pourquoi associer moutons et vergers ?

L’idée d’associer arbres fruitiers et moutons ne date pas d’hier.

On parle ici d’une forme d’agro-pastoralisme ancestrale, pratiquée depuis des siècles dans de nombreuses régions du monde.

Elle permettait de maximiser l’usage des terres agricoles en superposant les productions : du fruit pour les humains, de l’herbe pour les bêtes.

Aujourd’hui encore, cette approche fait sens.

Les moutons désherbent naturellement entre les arbres, limitent les repousses de ronces, fertilisent le sol avec leurs déjections, réduisent l’usage de machines, de carburant, et donc d’énergie fossile.

Cerise sur le pommier : ils mangent aussi feuilles mortes et fruits tombés, réduisant ainsi les risques de maladies comme la tavelure. Mieux encore, ils peuvent faire baisser la pression des campagnols, véritables fléaux des racines.

On obtient donc un système agricole sobre, cohérent, résilient.

Mais comme souvent, l’équilibre est fragile.

Car un mouton, ça peut aussi très bien trouver un jeune pommier appétissant…

Le problème : les arbres, victimes collatérales

Pourquoi les moutons s’attaquent-ils aux arbres ?

Il y a plusieurs raisons, toutes liées à leurs besoins ou à leur comportement naturel :

  • Manque d’herbe fraîche : l’écorce devient une alternative nutritive, riche en sucres et minéraux.
  • Comportement exploratoire : particulièrement chez les jeunes ou en cas de changement d’environnement.
  • Manque de minéraux : en cas de carences, les animaux cherchent spontanément d’autres sources (comme le cambium des arbres).
  • Ennui : en zone trop pauvre ou sans stimulation, les moutons peuvent simplement « s’occuper » en mordillant les troncs.

Les dégâts ? Ils peuvent être létaux : section de l’écorce en anneau = interruption de la circulation de sève = mort rapide de l’arbre. Un simple grattage répété peut aussi créer des portes d’entrée pour des maladies.

Et ce n’est pas tout : certains moutons vont jusqu’à s’appuyer, se frotter, voire foncer dans les troncs. Ces agressions mécaniques peuvent déraciner un jeune arbre ou casser net un scion.

A noter : tous les moutons ne se comportent pas pareil

Il faut le dire : tous les ovins ne sont pas égaux face à un arbre.

  • Les brebis, en général, sont plus calmes. Si elles sont bien nourries et habituées au verger, elles peuvent cohabiter avec les arbres sans causer trop de dégâts. Mais c’est une prise de risque constante, surtout au printemps (bourgeons) ou en période sèche.
  • Les béliers, eux, posent un vrai problème. Ils peuvent littéralement exploser un arbre par agressivité ou pour marquer leur territoire. Charge frontale, arrachage des tuteurs… ils transforment parfois le verger en ring de boxe. À éviter dans les parcelles sensibles.
  • Les agneaux, enfin, sont curieux par nature. Ils testent tout avec leur bouche, mordillent sans raison, et n’ont aucune conscience des conséquences. Ce sont eux qui causent le plus de petits dégâts répétés… qui finissent par faire très mal.

Certaines races, comme les Shropshire, sont connues pour leur relative compatibilité avec les vergers. Mais même là, la prudence reste de mise.

En ce qui me concerne, j’ai des moutons de race Landes de Bretagne… et ces derniers aiment l’écorce.

Comment protéger efficacement vos arbres fruitiers ?

Avant même de parler de gaines ou de grillage, la première vraie décision à prendre, c’est le type de porte-greffe et la forme de l’arbre.

En verger pâturé, mieux vaut privilégier les arbres demi-tige ou haute tige, avec un tronc suffisamment long pour que les branches principales ne soient pas accessibles aux moutons.

Et attention : les plus téméraires n’hésitent pas à se dresser sur leurs pattes arrière pour grappiller quelques feuilles tendres. Un tronc nu d’au moins 1,60 m est donc vivement recommandé.

Ensuite viennent les protections individuelles, car même avec un tronc haut, un jeune arbre reste vulnérable : écorce, base du tronc, tuteur, racines exposées… Tout est potentiellement attaquable.

On entre ici dans le concret.

Il existe plusieurs méthodes de protection, testées et utilisées sur le terrain. Certaines sont simples, d’autres plus techniques. Le choix dépendra de votre budget, du nombre d’arbres, de la nature du terrain… et du niveau de vandalisme de vos moutons.

Option 1 – Gaines PVC

L’une des solutions les plus simples et les plus économiques consiste à recycler de la gaine PVC ou du drain agricole (surtout si il vous reste des chutes après un chantier de rénovation. Ça se trouve également sur Le Bon coin).

Découpé à la bonne hauteur (entre 1,20 et 1,50 m), il s’enfile autour du tronc en quelques secondes.

Pas besoin de tuteur, théoriquement, puisque la gaine tient toute seule. Si vos moutons sont des frotteurs, ça restera potentiellement nécessaire.

C’est rustique, efficace, et ça coûte à peine 3 € par arbre.

Par contre, c’est moche.

Option 2 – Tubex (Equilibre ou Clear)

Ces gaines rigides sont conçues pour favoriser la croissance des arbres tout en les protégeant.

Le modèle Equilibre est opaque, le Clear est translucide.

Elles nécessitent un tuteur solide pour tenir en place.

Plus chères (entre 3,30 et 3,90 € l’unité), mais efficaces, surtout en conditions venteuses ou pour de jeunes arbres très exposés.

Il existe également des études qui montrent que le côté « serre » améliore la croissance et la pousse des jeunes arbres.

Option 3 – Protection fendue « Cervitube »

Il s’agit de tubes en plastique recyclé, prédécoupés pour s’enrouler autour du tronc.

Rapides à poser, ils offrent une bonne protection mécanique et une certaine aération. Leur tenue peut nécessiter un tuteur, selon la rigidité du modèle.

Comptez environ 6 € par pièce.

Un bon compromis entre durabilité et simplicité.

Option 4 – Protège tronc ventilé, spécial ovidé

Ce modèle est en plastique rigide ajouré, laissant circuler l’air tout en bloquant les dents des moutons.

Il ne nécessite pas de tuteur et s’installe facilement.

Pour environ 3 €, c’est un bon choix si vous cherchez une solution robuste, durable, et bien ventilée.

Option 5 – Protège tronc enroulable

Sous forme de spirale souple, cette protection s’enroule autour du tronc comme un ressort.

C’est ultra rapide à poser et extrêmement bon marché (environ 0,75 €).

Par contre, la durabilité est limitée et ce type de protection est à réserver aux vergers bien surveillés ou aux moutons très sages.

Option 6 – Natte bambou

Très esthétique, cette protection naturelle est parfaite pour les petits jardins ou les vergers décoratifs.

À 18 € l’unité, c’est une solution haut de gamme pour des usages ciblés…

Option 7 – Ganivelle

Là encore, on obtient une protection rustique, robuste, et visuellement sympa.

Très résistante aux chocs, elle protège bien le tronc.

Son prix revient à environ 6 € par arbre, en version recyclée. Demande un peu de bricolage mais le résultat est costaud.

Option 8 – 3x tuteurs + grillage mouton

Trois tuteurs en bois ou en métal, un cercle de grillage à mouton fixé autour : c’est la solution la plus efficace contre les attaques multiples (frontal, latéral, grignotage, frottement).

C’est aussi la plus longue à installer.

Comptez 5-15 € environ par arbre, hors temps passé.

Mais en zone à fort passage ou avec des béliers… ça peut sauver la saison.

Option 9 – Corset métallique

Récupérés ou achetés d’occasion, ces cadres métalliques se fixent autour de l’arbre et peuvent être agrandis au fil du temps.

D’une hauteur de 1,70 m pour un diamètre de 110 ùm, ils sont particulièrement adaptés aux zones avec bélier ou agneaux turbulents.

À 6 € l’unité (occasion), c’est une des meilleures options long terme.

A noter tout de même que j’ai lu sur certains forums qu’ils se faisaient malgré tout enfoncer par les « béliers fonceurs ».

Option 10 – Bitrex (répulsif goût amer)

Ce produit sans danger est utilisé pour rendre le tronc… franchement dégueulasse.

Son goût amer dissuade la majorité des moutons après un seul essai

Il doit être appliqué régulièrement, surtout après les pluies. En complément d’une barrière physique, c’est une bonne assurance anti-curieux.

Option 11 – Badigeon à la chaux

Méthode ancienne et naturelle, le badigeon de chaux protège le tronc des champignons tout en le rendant peu appétissant.

Son efficacité est variable, mais combiné à une autre protection, il peut dissuader les plus têtus.

Bonus : effet antifongique et régulateur d’humidité.

Conseils pratiques et erreurs à éviter

En vrac, quelques conseils complémentaires :

  • Protéger dès la plantation. Ne jamais attendre la première morsure.
  • Enterrer les gaines de 5 à 10 cm dans le sol pour éviter qu’elles ne soient déplacées.
  • Observer régulièrement les protections, surtout après une tempête ou un hiver rigoureux.
  • Adapter la taille des protections à la croissance du tronc (éviter l’étranglement).
  • Retirer les béliers des zones sensibles. Oui, encore une fois.
  • Utiliser les moutons en rotation : interdire l’accès à certaines parcelles à certaines périodes (bourgeonnement, fructification, période de récolte, etc.).

Mon choix final ?

Lorsque j’ai acheté mon lieu de vie, il y avait déjà un verger avec quelques « vieux » arbres fruitiers… et l’ancien propriétaire avait également des moutons.

Il avait donc protégé, avec succès, les arbres avec la méthode des trois piquets + grillage.

Mais les piquets étaient rongés et il fallait tout changer.

On a donc opté pour la méthode la moins coûteuse, à savoir les « protège tronc enroulable ».

Long story short : les moutons finissent par l’arracher et vous vous retrouvez rapidement avec des fruitiers abîmés et des bouts de plastiques dans tout le verger.

A ce moment là, on a fait plusieurs tests donc les gaines PVC (on avait des chutes du chantier d’auto-rénovation que nous faisions).

Très peu esthétique… ça a tenu un temps. Jusqu’à ce que notre bélier, dans la force de l’âge, décide de l’exploser (et le tronc avec).

A partir de là, nous avons convenu que le problème n’était pas tant les protections (un drain routier, c’est quand même solide !), mais le bélier.

Nous nous sommes donc séparés de lui et de ses ardeurs, pour ne garder que les brebis et leurs agneaux…

Et nous sommes passés sur des protections efficaces, esthétiques et pas cher, à savoir : Le protège tronc ventilé, spécial ovidé.

Et vous : vous avez testé d’autres méthodes ? Des idées, des retours ? Venez partager votre expérience en commentaire !

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