Lorsqu’on calcule ses futures étapes de randonnée ou qu’on souhaite connaître le nombre de kilomètres qu’on a parcouru lors de notre dernière marche à pied, on a tendance à calculer simplement la distance entre le point de départ et le point d’arrivée.
Erreur !
En randonnée, tous les kilomètres ne se valent pas.
Loiiiiin de là.
Cinq kilomètres de marche sur un chemin plat de halage, près d’un canal, ne demandent pas le même effort que la même distance en ascension en pleine montagne.
Pourtant, dans les deux cas, vous aurez fait 5 bornes.
C’est là qu’intervient cette nouvelle unité de mesure, qui permet de comparer l’incomparable : le kilomètre effort !
Qu’est-ce que c’est exactement ?
Le kilomètre-effort nous vient à l’origine du raid montagne / trail, mais s’adapte finalement à un grand nombre d’activités outdoor… dont la marche à pied !
Le concept est simple : il s’agit d’une unité de mesure qui prend en compte la distance parcourue, mais également le dénivelé.
On l’abrège également en km/effort, km-effort ou encore km-e.
Qu’est-ce que le dénivelé ?
Le dénivelé est la différence d’altitude entre deux points donnés.
On parle de dénivelé positif, lorsque ça grimpe… et de dénivelé négatif, lorsque ça descend.
Prenons un exemple concret :

Sur ce parcours, nous avons donc :
- Sur la première étape, nous avons un dénivelé positif de +50m ; c’est à dire une différence d’altitude de 50m entre le point bas (le bas de la vallée) et le point haut (le sommet de la vallée)
- Sur la dernière étape, à l’inverse, nous avons un dénivelé négatif de -35m.
Sur une randonnée complète, on calcule en général les dénivelés cumulés (c’est à dire additionnés les uns aux autres) :
- 50 + 5 + 50 = +105m de dénivelés positifs (D+) cumulés
- 30 + 30 + 35 = -95m de dénivelés négatifs (D-) cumulés
Il existe également la notion de « dénivelé global » qui est la différence d’altitudes entre le point initial et le point final de votre randonnée… mais je trouve que ça n’a pas de réel intérêt en ce qui nous concerne, car il est tout à fait possible de passer sa journée à grimper et descendre, et finalement avoir un dénivelé global proche de zéro.
Je vous explique tout sur les dénivelés ici.
Ok… et quel rapport avec le kilomètre-effort ?
Monter une côte ou descendre une pente raide demande un effort physique supplémentaire par rapport à une marche sur le plat.
Il n’est donc pas logique de comparer une marche de 10 kilomètres sur du plat ou 10 kilomètres dans un paysage vallonné.
D’où le kilomètre-effort qui est, pour rappel, une unité de mesure distincte du kilomètre, puisqu’en plus de prendre en compte la distance, elle prend également en compte le dénivelé.
Autrement dit :
- 10 kilomètres sur du plat valent plus ou moins 10 kilomètres-effort,
- Mais !… 10 kilomètres dans un paysage vallonné, et à fortiori en montagne, correspondent à beaucoup plus de kilomètres-effort !


Comment calculer un kilomètre-effort ?
Pour cela, il va falloir sortir sa calculatrice… mais je vous rassure, la formule est simple ! 😉
Voici les trois règles à additionner :
- Un kilomètre = 1 kilomètre-effort
- 100m de dénivelé positif cumulé (montée) = 1 kilomètre-effort
- 300m de dénivelé négatif cumulé (descente) = 1 kilomètre-effort
Note : Certains ne calculent pas le dénivelé négatif… d’autres oui. Je fais partie de ceux que le calculent, car une descente bien raide demande parfois plus d’effort qu’une côte… surtout en fin de journée !
Exemple N°1 : 15km de randonnée
Prenons un premier exemple : une randonnée de 15,05km dans le Parc National du Vercors (autrement dit… les montagnes !).
Cette rando est un aller / retour et propose 1182m de dénivelés cumulés positifs et donc 1182m de dénivelés cumulés négatifs.
Selon notre méthode de calcul, cela va nous donner :
- 15,05 kilomètres = 15,05 kilomètres-effort
- 1182m de dénivelé positif cumulé (montée) = 11,82 kilomètres-effort
- 1182m de dénivelé négatif cumulé (descente) = 3,94 kilomètres-effort
Total : 30.81 kilomètres.
Cette randonnée est donnée comme très difficile et on estime sa durée à 7h40.

Exemple N°2 : 15km de randonnée
« Encore 15km ?!… »
Bah oui, vous me voyez venir…
Ce coup-ci, on va prendre l’exemple d’une randonnée autour de l’Île de Houat (en Bretagne… autrement dit, plat plat plat !).
Cette rando est une boucle de 15,08km, le point haut est 25m et le point bas à 0m. Le dénivelé positif cumulé est de 55m et le dénivelé négatif cumulé est également de 55m.
Calculons :
- 15,08 kilomètres = 15,08 kilomètres-effort
- 55m de dénivelé positif cumulé (montée) = 0.55 kilomètres-effort
- 55m de dénivelé négatif cumulé (descente) = 0.18 kilomètres-effort
Total : 15.81 kilomètres.
Cette randonnée est considérée comme facile et peut être faite en 4h30.

En conclusion ?
On ne le répétera jamais assez… Tous les kilomètres ne se valent vraiment pas.
J’ai évoqué ici l’impact du dénivelé sur la difficulté de la randonnée, et donc l’incidence que ça aura sur votre fatigue et sur le nombre de kilomètres que vous pourrez marcher par jour, mais il faudrait également parler de bien d’autres facteurs :
- La météo / saison / température : marcher sous le cagnard ou sous la pluie vous demandera plus d’effort.
- La qualité du chemin : un beau sentier bien balisé ou traverser dans des landes ne vous demandera pas, là aussi, le même effort.
- Etc.
Également, j’aurais pu vous parler de ma propre invention qui est le « kilomètre-fatigue »…
L’idée ? Chaque kilomètre après le 25ème compte double et compte triple après le 30ème ! 😅
Vous n’êtes pas d’accord ?