Je vais commencer cet article en vous racontant une p’tite histoire que j’ai vécue à la salle de sport.
En début d’année, ou à la rentrée, il y a toujours un tas de nouveaux adhérents, plein d’espoirs et de bonne volonté. La plupart, et c’est normal, sont de total débutants.
Mon histoire concerne l’un d’eux, présent depuis deux ou trois mois environ.
Il vient régulièrement et fait de très nombreux exercices de manière incomplète, voire dangereuse (pour lui, avant toute chose). D’autant qu’il est dans de l’ego lifting, à savoir qu’il met (beaucoup) trop lourd, ce qui d’ailleurs explique en grande partie la mauvaise qualité de ses mouvements.
Bref. Pas mon problème et qui suis-je, pour le conseiller… Je ne suis pas coach (par contre, un collègue qui l’est, m’a bien confirmé que le gazier nous faisait « des dingueries »).
Mais ce qui est amusant, c’est que cette personne va régulièrement donner des conseils (mal avisés) à d’autres pratiquants qui font le double de son poids et qui ont une réelle compétence.
Pourquoi je vous raconte ça ?
Car nous connaissons tous quelqu’un qui se croit expert en tout, y compris en survivalisme.
Mais que se passe-t-il quand cette confiance excessive met des vies en danger ?
Bienvenue dans le monde de l’effet Dunning-Kruger…
Qu’est-ce que l’effet Dunning-Kruger ?
L’effet Dunning-Kruger est un biais cognitif où les moins compétents dans un domaine ont tendance à surestimer leurs compétences, tandis que les plus compétents ont tendance à douter d’eux-mêmes.
Ce phénomène est particulièrement pertinent dans le monde du prepping, où la surconfiance peut mener à des erreurs coûteuses… voire fatales.
Comment l’effet Dunning-Kruger se manifeste en survivalisme ?
Les exemples de l’effet Dunning-Kruger dans le survivalisme sont nombreux :
- Le « prêt à tout » qui a accumulé du matériel et des connaissances théoriques, mais n’a jamais mis ces compétences en pratique.
- Le « connaisseur » qui se sent expert après avoir lu quelques livres ou regardé quelques vidéos sur YouTube, sans expérience réelle sur le terrain.
- Les « experts » auto-proclamés sur les forums et les réseaux sociaux, qui donnent des conseils dangereux sans avoir jamais testé eux-mêmes ce qu’ils prêchent.
Ces attitudes peuvent conduire à des erreurs de jugement critiques en situation de crise, que ce soit en sous-estimant les risques ou en surestimant leur capacité à gérer une situation.
Pire encore, l’effet Dunning-Kruger se combine souvent avec un autre biais cognitif, à savoir notre tendance à accorder plus de crédit à ceux qui s’expriment avec confiance (même s’ils ne sont pas qualifiés…).
Résultat : ces individus incompétents mais surconfiants peuvent facilement influencer un groupe dans la mauvaise direction, éclipsant les conseils avisés de ceux qui, avec humilité, reconnaissent leurs propres limites.
Pourquoi l’effet Dunning-Kruger est un danger en prepping ?
Dans le domaine de la survie, la surconfiance est un danger majeur.
Sous-estimer les risques ou surestimer ses capacités peut entraîner des actions imprudentes, comme s’engager dans une situation périlleuse sans avoir les compétences nécessaires.
On en a parlé : ce biais est particulièrement dangereux en groupe, où un leader mal préparé peut entraîner ses compagnons dans une mauvaise direction.
L’effet Dunning-Kruger pousse certains à croire qu’ils sont prêts à tout, alors qu’ils ne le sont pas.
Et plus prosaïquement, on se mange sur les réseaux sociaux divers et avariés (Facebook, Instagram, Youtube…) des vidéos, reels et posts de théoriciens de chambre qui n’ont jamais réellement pratiqués quoi que ce soit.
Comment reconnaître et combattre l’effet Dunning-Kruger
Pour éviter de tomber dans le piège de l’effet Dunning-Kruger, voici quelques signes à surveiller :
- Vous vous sentez trop confiant par rapport à votre expérience réelle.
- Vous avez tendance à rejeter les conseils d’experts plus expérimentés que vous.
- Vous n’avez jamais testé vos compétences théoriques en conditions réelles.
Pour contrer ce biais :
- Il est crucial de s’engager dans une formation continue : ne jamais cesser d’apprendre et d’évoluer.
- La pratique sur le terrain est tout aussi essentielle : testez-vous régulièrement en conditions réelles, que ce soit par des exercices de simulation ou des situations de survie contrôlées.
- Cherchez des feedbacks externes : les avis critiques de survivalistes expérimentés sont inestimables.
- Enfin, remettez constamment en question vos propres connaissances et capacités.
Rester sceptique vis-à-vis de soi-même est une des clés pour éviter les pièges de la surconfiance.
« Et pour reconnaître les imposteurs ? », allez-vous me demander…
Rappelez-vous que l’assurance n’est pas un gage de compétence.
Ensuite, creusez plus loin : cherchez des preuves concrètes d’expérience pratique. Ceux qui savent de quoi ils parlent ont souvent des anecdotes vécues à partager, des échecs à admettre, et des leçons tirées de leurs erreurs.
Méfiez-vous des discours qui paraissent trop simples ou qui ne laissent aucune place au doute.
Les vrais experts savent que la réalité est souvent complexe et nuancée. Ils posent plus de questions qu’ils ne donnent de réponses définitives.
Et enfin, privilégiez toujours ceux qui vous encouragent à tester par vous-même, plutôt que de suivre aveuglément des « vérités » toutes faites.
En bref ? Favorisez l’humilité et l’apprentissage collectif
Adoptez une approche basée sur l’humilité : reconnaissez que vous ne savez pas tout et que vous pouvez toujours apprendre.
Écoutez les expériences des autres, même si elles contredisent vos certitudes.
Note : Écouter ne veut pas dire croire aveuglement, hein !
Apprenez des survivants de crises réelles, dont les leçons peuvent vous apporter une compréhension plus profonde et plus réaliste qu’un reel Insta d’un influ-survivaliste qui vous vend des liens affiliés à tour de bras…
En conclusion ?
Ayons toujours en tête l’Effet Dunning-Kruger.
Restons humbles (y compris vis à vis du hasard et de ce qu’on ne peut pas anticiper), continuons d’apprendre, et ne cessons jamais de mettre vos compétences à l’épreuve.
Enfin, identifions nos propres biais, corrigeons-les par une formation continue (et par la prise de conscience pro-active) et des tests réguliers en conditions réelles.
Enfin, je vous dis ça… ça n’est que mon avis d’expert qui sait tout sur tout, hein… (ou pas)
