Si on parle fréquemment de firesteel, lorsqu’il s’agit d’allumer un feu en pleine nature, j’aimerais également vous parler d’un petit truc naturel, complémentaire, gratuit et très efficace : l’amadou.
Je vais sortir de ma pensée (et de la votre) cette petite chose qui nous encombre afin de capter au mieux votre attention dans les lignes qui vont suivre. NON je ne vais pas vous parler d’Amadou et Mariam, rien a voir (sic) avec le sujet de cet article.
L’amadou : qu’est-ce que c’est ?
L’amadou est un champignon (enfin pas tout à fait) qui provient de l’amadouvier (Fomes fomentarius).
C’est un champignon basidiomycète de la famille des Polyporaceae. Il n’est pas comestible, ou alors à vos risques et périls.
Son nom d’origine provençale veut dire « amoureux ». C’est une allusion poétique, qui fait allusion à sa capacité à s’enflammer, comme le cœur d’un jouvencelle pour un beau prince ténébreux…
Où trouve-t-on de l’amadou ?
On trouve l’amadou sur divers feuillus comme le hêtre, le platane, le bouleau, le peuplier, le chêne ou encore le marronnier.
C’est un redoutable parasite et il n’est pas très fun… Il se fixe sur des arbres malades ou fragiles et produit une pourriture blanche qui finira par tuer son hôte.
Pourquoi utiliser l’amadou ?
L’amadou a plusieurs fonction très intéressante pour la survie en milieu naturel ou pour le bushcraft.
En médecine, par exemple :
Au XIXème siècle, l’amadou fut employé sous forme de bande ou de compresse pour conserver la chaleur, en particulier pour les personnes atteintes de douleurs rhumatismales.
On utilisait également des plaques d’amadou pour prévenir les ulcérations de certaines parties du corps dans le cas d’immobilisation de longue durée.
Certains médecins ont même proposé son application pour soigner des brûlures.
Cependant, c’est en tant qu’hémostatique que l’amadouvier fut le plus utilisé. Ainsi, en 1750, Sylvain Brossard, chirurgien à La Châtre-en-Berry, propose un nouveau moyen permettant d’arrêter les hémorragies des artères. Ce pansement était réalisé à partir d’une « excroissance fongueuse » qui n’était autre que la chair de l’amadouvier : l’amadou.
(source)
En allume feu, bien sûr !
Quand on a froid ou faim, tout doit se faire vite et avec du résultat.
Lorsque vous établissez votre camp pour la nuit, le premier réflexe, c’est de faire du feu, pour la chaleur et la bouffe.
Quand vous aurez grillé toutes vos allumettes et vidé vos briquets bic, il n’y aura plus trop de choix…
La fonction la plus importante de l’amadou reste tout de même son fort pouvoir inflammable, il est un firestarter des plus efficaces.
À l’époque préhistorique, les hommes allumaient le feu grâce à des étincelles produites par la percussion d’un morceau de bisulfure de fermarcassite ou pyrite contre une roche dure (du silex, par exemple).
Pour récupérer l’étincelle, il était nécessaire d’utiliser une substance capable de s’embraser facilement.
L’amadou, chair de l’amadouvier, compte parmi les matières les plus efficaces dans ce domaine.
On a d’ailleurs découvert un morceau d’amadou dans le matériel d’Ötzi, cet homme de l’âge du cuivre, retrouvé parfaitement conservé, car congelé, dans un glacier à la frontière austro-italienne en 1991. (source)
Comment allumer un feu avec de l’amadou ?
Voici quelques conseils pour utiliser au mieux son amadou.
Choisissez votre amadou sur un arbre et faite le sécher au maximum.
Ensuite veillez à bien sélectionner la partie spongieuse du champignon.
Prélevez une petite quantité puis émiettez-là comme sur cette photo :
Il ne faut vraiment pas beaucoup de matière pour lancer un feu.
Avant de commencer a enflammer votre amadou, assurez vous d’avoir à disposition de la paille ou des brindilles sèches pour alimenter les petites flammes/braises que vous aller produire.
Avec votre allume feu fire steel, vous allez produire une étincelle suffisamment puissante pour embraser vos copeaux d’amadou.
Ajoutez ensuite votre combustible, petit bois ou paille et laissez prendre votre feu.
Une autre technique d’allumage : à la manière préhistorique !
Voici la manière de Marie de faire du feu… comme une vraie femme préhistorique (vidéo filmée au Centre d’Animation de la Préhistoire de Darney – centreprehistoiredarney.fr)
Il vous faut :
- De l’amadou
- Du silex tranchant ou une rappe en métal
- De la marcassite et du silex (ou une pierre à feu plus moderne..)
- Une feuille de caoutchouc ou autre support souple
- Des brindilles
Et c’est parti…
Comme d’habitude : la théorie, c’est bien…
… mais la pratique, c’est mieux !
En plus, c’est gratuit, efficace, rapide, et ça ne demande que très peu de pratique avant de réussir à tous les coups.
Pensez-y la prochaine fois que vous irez vous promener dans les bois !