Comment anticiper et se préparer, puis réagir lors d’une tempête ?

de Sven

Les tempêtes ne préviennent pas longtemps à l’avance, et leurs conséquences peuvent être dévastatrices.

En France comme ailleurs, elles se traduisent par des toitures arrachées, des arbres déracinés, des routes coupées, des coupures de courant parfois longues, et trop souvent des blessés ou des morts.

On l’a vu avec les tempêtes Lothar (1999), Xynthia (2010), Alex (2020) ou plus récemment Ciarán (2023) : un épisode de quelques heures peut laisser des traces pendant des semaines, des mois, voire des années.

Je parle en connaissance de causes, vivant dans une région soumise tous les ans à de forts vents : dernière tempête en date, 165km/h !

Or, en bon prepper, vous ne devez évidemment pas vous contenter de subir : vous devez anticiper, réduire votre exposition, et savoir comment réagir quand ça frappe.

Cet article propose donc une méthode simple et directe pour se préparer avant, tenir pendant, et gérer après une tempête.

Comprendre le risque tempête

Une tempête, ce n’est pas “juste du vent” : c’est un ensemble de rafales, pluies, objets projetés et ruptures de réseaux.

Les rafales peuvent dépasser 200 km/h sur les caps les plus exposés (ex. Bretagne lors de Kiran/Ciarán). En plaine intérieure, des valeurs moindres peuvent pourtant causer plus de dégâts si la région est peu habituée.

Un tableau afin de vous donner un ordre de grandeur des effets selon la vitesse des rafales (indicatif, à adapter selon votre région, exposition, qualité du bâti, durée des rafales, sols secs/saturés) :

Rafales (km/h)Dégâts typiquesImpacts probables
100–120Branches et arbres fragiles cassés, toitures légères endommagées.Pannes locales, routes coupées ponctuellement, circulation perturbée.
120–140Nombreux arbres déracinés, tuiles envolées, toitures partiellement arrachées.Coupures régionales d’électricité, transports interrompus, blessures par projections.
140–160Arbres matures à terre, dégâts structurels sur habitations légères et agricoles.Quartiers entiers sinistrés, réseaux hors service plusieurs jours, écoles/entreprises fermées.
160–180Toits arrachés massivement, forêts couchées, vitres et vitrages fragiles brisés.Catastrophe régionale, évacuations, secours saturés, reprises longues.
> 180Dégâts majeurs généralisés : zones inhabitables, infrastructures détruites, forêts rasées.Impacts à très long terme : rétablissement réseaux en semaines, traces visibles plusieurs années.

Un vent de 120 km/h peut être “gérable” sur un littoral habitué, mais provoquer un chaos local dans une région non préparée. Adaptez toujours votre lecture du risque à votre territoire.

  • Dangers immédiats : chutes d’arbres et de tuiles, fils électriques au sol, objets projetés à grande vitesse, effondrements partiels.
  • Conséquences indirectes : coupures longues (électricité, eau, internet), routes bloquées, zones isolées, délais d’intervention.

Échelle de temps des effets :

  • 0–72 h : fin de l’épisode, sécurisation, rétablissement prioritaire des réseaux.
  • 3–14 jours : dégagement des axes, réparations temporaires, relogement ponctuel.
  • Semaines–mois : réparations lourdes (toitures, charpentes), dossiers d’assurance, gestion des chutes d’arbres.
  • Mois–années (végétation/forêts) : une nuit de tempête peut raser l’équivalent d’une année d’abattage. Après Ciarán, les impacts étaient encore visibles près de deux ans plus tard.

A retenir absolument : la puissance brute ne dit pas tout. C’est l’exposition locale, la résilience du bâti et votre autonomie domestique qui font la différence.

Anticiper en amont : logement, matériel, plan familial

Une bonne préparation commence bien avant que l’alerte météo tombe.

Ce qui se joue ici, ce n’est pas la panique de dernière minute, mais l’anticipation tranquille qui réduit les dégâts et le stress quand la tempête arrive.

Entretenir et sécuriser son logement

Le premier réflexe, c’est de vérifier régulièrement son toit (au moins une fois à l’automne, fin Septembre au plus tard), ses volets et ses gouttières.

Une tuile ou une ardoise mal fixée, ou une branche trop proche de la maison devient un projectile dès 120 km/h de vent.

Élaguer les arbres fragiles, fixer les abris de jardin, ranger le mobilier extérieur, vérifier les abris des animaux, lester vos ruches, etc. : ce sont des petits gestes simples, mais qui font une énorme différence.

… et si tout le monde faisait ça, ça éviterait aux fourmis de se prendre les trampolines de voisins cigales dans les baies vitrées…

Dans la maison, identifiez la pièce la plus sûre : Idéalement une pièce sans grandes baies vitrées, au rez-de-chaussée, ou une cave solide. C’est votre zone de repli si le vent devient dangereux.

Préparer son matériel et son kit d’urgence

Un kit tempête, ce n’est pas juste une lampe torche.

C’est une petite base d’autonomie pour passer plusieurs jours sans réseau, sans électricité et sans chauffage.

Pensez au contexte : la plupart des tempêtes frappent en automne ou en hiver. Cela veut dire qu’une coupure de courant = plus de lumière, plus d’électricité, mais aussi plus de chauffage (à moins d’un poêle à bois), plus de repas chauds, et plus d’eau chaude.

Votre kit doit donc contenir au minimum :

  • Lumière : lampes frontales (une pour chaque membre de la famille) + piles de rechange, bougies sécurisées, batterie externe pour téléphones.
  • Chaleur : couvertures, sacs de couchage, petit chauffage d’appoint non électrique si possible, vêtements chauds accessibles (pensez aux sous-vêtements thermiques).
  • Repas : réchaud à gaz ou à alcool (avec ventilation), stock de cartouches, casseroles simples. Manger chaud en plein hiver change tout.
  • Eau : bidons remplis, pastilles de purification si besoin, thermos pour garder l’eau chaude.
  • Réparations rapides : scotch large, bâches épaisses, cordes, scie ou hache manuelle pour déblayer.
  • Communication : radio FM à piles ou à dynamo, pour suivre les consignes même sans internet.

L’idée n’est pas de transformer votre salon en bunker, mais d’avoir de quoi tenir 72 heures sans aide extérieure.

Et que ce matériel soit accessible rapidement, pas éparpillé aux quatre coins de la maison.

Mettre en place un plan familial

Une tempête peut frapper de nuit ou quand tout le monde n’est pas encore rentré.

Avoir un plan clair évite la panique :

  • Convenir d’un point de rassemblement dans la maison (la pièce de repli identifiée).
  • Imprimer les numéros importants (pompiers, mairie, voisins proches) : inutile de compter sur le cloud si le réseau tombe.
  • Expliquer simplement aux enfants quoi faire (“on se met tous dans la chambre sans fenêtres, on attend que ça passe”), les rassurer, et inclure aussi les animaux domestiques dans le plan.

Assurer une veille météo fiable

Enfin, préparez votre système d’alerte ; S’abonner aux bulletins Météo France Vigilance, suivre la préfecture et les mairies locales, garder une radio qui fonctionne sans électricité.

Si on veut pouvoir anticiper, il est essentiel de savoir quand ça arrive.

Attention par contre à vous connecter à des sources fiables et pas catastrophistes qui voient une apocalypse dans chaque coup de vent (certains comptes Twitter / X sont spécialistes pour ça…).

Se préparer quand l’alerte tombe

Ici, on passe en “mode tempête” : il reste quelques heures pour sécuriser, s’organiser et basculer au besoin en autonomie simple.

Sécuriser l’extérieur

  • Rentrer ou sangler tout ce qui peut s’envoler : mobilier, poubelles, bacs de tri, outils, jouets, barbecues, parasols.
  • Mettre à l’abri les véhicules (garage, mur porteur), sinon les éloigner des arbres, toitures fragiles et lignes électriques.
  • Fermer les portails/serrures, verrouiller les serres et abris légers (sangles/crochets).
  • Ne montez pas sur le toit ni sur une échelle : trop tard = trop dangereux.

Mettre la maison en “mode tempête”

  • Fermer et verrouiller toutes les ouvertures (fenêtres, portes, volets). Si pas de volets : bande large de ruban adhésif sur les vitres fragiles.
  • Si vous le sentez mal, préparer déjà la pièce de repli (au rez-de-chaussée, sans grandes baies) : couvertures, eau, en-cas, lampe, radio.
  • Débrancher les appareils non essentiels pour éviter les surtensions. Laisser frigo/congélo branchés et éviter de les ouvrir en cas de panne de courant.

Assurer l’autonomie immédiate (électricité, chaleur, eau)

  • Recharger 100 % : téléphones, batteries externes, lampes frontales, talkies si vous en avez. Télécharger plans/offline et numéros utiles.
  • Remplir bidons/bouteilles, thermos et éventuellement la baignoire (si coupure longue probable, au cas où vous soyez très isolé). Préparer quelques repas simples à réchauffer.
  • Sortir le réchaud (gaz/alcool) et prévoir ventilation + détecteur CO. Jamais de réchaud ni groupe électrogène à l’intérieur (garage inclus) : risque mortel d’intoxication.
  • Mettre à portée vêtements chauds, duvets/couvertures. En hiver, prévoir un coin nuit “serré” pour conserver la chaleur.

Préparer la famille (et les animaux)

  • Rappeler calmement le plan : où se regrouper, qui surveille quoi, quoi faire si une vitre casse.
  • Regrouper papiers, trousse de secours, médicaments, lampes, radio, sifflet, clés, un peu d’espèces, dans une pochette étanche.
  • Prévoir un sac d’évacuation léger par personne (au cas où) : eau, encas, vêtements chauds, copie de documents.
  • Faire rentrer les animaux, préparer leur cage/pièce dédiée, eau et nourriture.

Suivre l’info et se caler sur les consignes

  • Suivre Météo-France, préfecture et mairie (appli, SMS, radio FM). Quand le vent monte, on reste dedans.
  • Anticiper l’évolution de la tempête avec l’horaire approximative du pic et quand ça devrait se calmer.
  • Si une évacuation est demandée, partir tôt et sur itinéraire connu. Éviter les zones boisées et littorales exposées.

Réagir pendant la tempête

Pendant la tempête, la règle d’or est simple : dedans, calme, discipliné.

Rester en sécurité à l’intérieur

  • Ne sortez pas “voir” ni filmer : la plupart des blessés surviennent en extérieur pendant l’événement (à titre personnel, lors d’une tempête avec des rafales à 150km/h, j’ai juste regardé par la fenêtre… un air d’apocalypse. La puissance est incroyable).
  • Éloignez-vous des fenêtres et des baies vitrées. Regroupez-vous au besoin dans la pièce de repli identifiée (rez-de-chaussée, sans grandes vitres).
  • Si une vitre casse : changez immédiatement de pièce, protégez-vous (couverture, matelas), et attendez la fin de l’alerte.
  • Ne circulez pas en voiture : branches, tôles, fils électriques peuvent obstruer ou frapper la chaussée sans visibilité.
  • Zones littorales : tenez-vous loin du rivage, digues et falaises. Les vagues et embruns portés par le vent emportent en quelques secondes.

Limiter les risques domestiques

  • Gaz : en cas d’odeur ou de doute, coupez immédiatement l’arrivée et aérez dès que possible en sécurité.
  • Électricité : coupez uniquement si dégâts structurels, court-circuit évident ou inondation intérieure.
  • Cuisson/chauffage : utilisez uniquement les solutions prévues (réchaud ventilé, couvertures, vêtements chauds). Jamais de réchaud ni de groupe électrogène à l’intérieur (garage compris) : risque mortel d’intoxication au CO (je me répète, mais je préfère !).
  • Éclairage : privilégiez lampes frontales/LED. Évitez les bougies non surveillées (incendie + flammes instables avec les courants d’air).
  • Animaux : eau et nourriture à disposition.

Communication et information

  • Évitez de saturer les réseaux : messages courts et espacés à un contact de confiance hors zone pour rassurer.
  • Urgences vitales uniquement : appelez le 112 si la situation met en jeu la vie ou l’intégrité physique. Sinon, laissez-les tranquilles : ils ont déjà assez à faire !

Psychologie, rythme et patience

  • Méfiez-vous des “accalmies” : elles peuvent correspondre à l’œil de la tempête. Le vent peut revenir, parfois plus fort, quelques minutes plus tard.
  • Attendez la levée officielle de l’alerte avant d’ouvrir, sortir ou constater les dégâts. Votre sécurité prime. Le reste se gère après.

Gérer l’après : dégâts, entraide, assurance

Le vent est tombé. Mais ce n’est pas fini.

Les blessures et accidents surviennent souvent après la tempête, quand les gens sortent trop vite ou prennent des risques inutiles.

Sécurité en sortant

  • Avancez prudemment, observez avant de toucher. Un fil électrique au sol, un arbre penché, un mur fissuré restent mortels.
  • Équipez-vous de gants solides, chaussures montantes, éventuellement casque si vous circulez sous des branches.
  • Ne laissez pas les enfants courir dehors tant que l’environnement n’est pas sécurisé.

Évaluer et sécuriser son terrain

  • Faites un tour méthodique de la maison : toiture, fenêtres, dépendances. Notez, prenez des photos.
  • Agissez d’abord sur ce qui menace encore : vitres fêlées, tuiles pendantes, branches prêtes à tomber.
  • Utilisez bâches, sangles, scotch large pour colmater provisoirement. L’objectif : éviter que la pluie ou un vent résiduel n’aggrave les dégâts.

Entraide locale

  • Un voisin isolé, une personne âgée sans chauffage, c’est votre priorité. L’entraide locale va souvent plus vite que les secours saturés.
  • Partagez ce qui est rare (tronçonneuse, scie, groupes électrogènes). Mettez en commun les bras disponibles pour déblayer une rue ou libérer une entrée.
  • Informez la mairie si une route est coupée ou un câble dangereux bloque le passage.

Démarches administratives

  • Prenez systématiquement photos/vidéos des dégâts avant toute réparation lourde.
  • Déclarez à votre assurance rapidement (souvent 5 jours max). Gardez factures et preuves.
  • Surveillez les arrêtés de catastrophe naturelle : ils déclenchent une prise en charge spécifique, mais les délais sont parfois longs.

Préparer la suite

  • Une tempête peut en suivre une autre dans la même semaine. Ne démontez pas tout votre dispositif trop vite.
  • Refaites le plein de piles, d’eau et de gaz dès que possible.
  • Notez ce qui a manqué, ce qui a bien fonctionné. Chaque épisode est une répétition générale pour le prochain.

Check-list pratique spéciale tempête

Objectif : tenir 72 h en autonomie simple, sans réseau ni électricité, en plein hiver si nécessaire.

Astuce : regroupez ce matériel dans un seul endroit accessible (entrée, bas d’escalier, placard bas).

Éclairage

  • Lampes frontales (1 par personne) + piles de rechange pour 72 h.
  • 1–2 lampes LED d’appoint (type lanterne).
  • Bougies uniquement si besoin, sur support stable, jamais sans surveillance.

Chaleur & confort (coupure en hiver)

  • Couvertures épaisses / duvets + vêtements chauds en accès direct.
  • Coin nuit “serré” dans la pièce de repli pour conserver la chaleur.
  • Petit chauffage non électrique si vous en avez un, avec ventilation et règles de sécurité strictes.
  • Thermos pour garder de l’eau chaude plus longtemps.

Eau & alimentation

  • Eau potable : 5 L minimum par personne (plus si enfants, personnes fragiles).
  • Option : pastilles de purification / filtre si besoin.
  • Réchaud gaz/alcool + cartouches (usage ventilé, jamais en espace clos).
  • Repas simples 72 h : conserves, soupes, pâtes, en-cas salés/sucrés.
  • Vaisselle basique : casserole, ouvre-boîte, couverts, torchons.

Communication & information

  • Radio FM à piles ou dynamo pour suivre les consignes officielles.
  • Téléphone chargé + powerbank (câbles prêts).
  • Liste imprimée : numéros d’urgence, mairie, voisins, assurance.

Réparations & sécurité

  • Bâches épaisses, ruban adhésif large, cordes/sandows pour colmater provisoirement.
  • Outils manuels : marteau, tournevis, pince, petite scie/hache pour déblayer, tronçonneuse si vous savez gérer (c’est pas le moment pour apprendre : danger !)
  • Gants solides, lunettes de protection, chaussures fermées.
  • Trousse de premiers secours complète + médicaments usuels.

Évacuation rapide (au cas où)

  • Sac « bug out bag » léger par personne : eau, en-cas, lampe frontale, vêtements chauds, copie de papiers, petite pharmacie.
  • Papiers et moyens de paiement regroupés dans une pochette étanche.

Ce kit n’a pas besoin d’être parfait. Il doit être prêt, accessible, et suffire pour passer 72 h sans compter sur personne.

On ne contrôle pas la tempête, mais on contrôle notre préparation : la différence entre subir et traverser l’épreuve debout.

A lire aussi

S’abonner
Notification pour

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

En naviguant sur ce site, vous acceptez ses cookies, utiles pour vous offrir la meilleure navigation possible OK INFOS

Cookies & Vie Privée